L'hallucinante histoire d'une petite juive de 12 ans, A/R Bruxelles -Ukraine, deux ans sur les routes. Ses parents qu'elle adore sont rafflés, déportés; où sont-ils? On les emmène à l'est, lui répond-on. Parce que la femme qui l'a recueillie est une abominable mégère dont le mobile est le fric, elle s'échappe, elle part vers l'est, avec une boussole, un couteau et une poupée dans son sac. Elle a du caractère, de la volonté, cette petite révoltée. Mais quand elle reviendra, ce sera une petite bête sauvage, ayant perdu toute communication avec le monde des humains. Au cours de sa route, elle vivra quelques temps au sein d'une meute de loups, qui l'ont adoptée, et avec qui elle partage le gibier cru, tout chaud encore. Jusqu'à ce qu'on les lui tue.... Pour le reste, elle survit de petits larcins de ferme en ferme, elle se réchauffe (?) d'une vieille nappe dont elle a fait une cape. C'est dire que cette histoire est complètement invraisemblable. Invraisemblable, sans même parler de la faim, qu'elle ait traversé l'hiver prussien avec ses pauvres nippes, invraisemblable qu'elle n'ait pas eu les pieds gelés. Invraisemblable le coup de foudre immédiat de la louve pour la petite fille. On peut penser que, dans la réalité, elle a du rôder longtemps derrière cet étrange petit bout d'être humain avant de se coucher contre elle, de se laisser caresser. (L'apprivoisement du renard par l'enfant dans le film éponyme est bien plus convainquant!) Dans le film donc, à partir d'une vérité qu'on a du sérieusement trafiquer pour faire du spectacle, on a l'impression de nager dans du pur Walt Disney.
Mais on est bouleversé de repenser à l'épouvantable destin de ces petits enfants juifs. Les acteurs sont convainquants, Mathilde Goffart, Guy Bedos qu'on a plaisir à retrouver à contre emploi en brave pappy, ni grognon, ni provoc; quant aux loups, louveteaux et surtout la sublime louve blanche (espèce inconnue en Europe...) il faut absolument les nominer aux prochains césars.