L’incroyable alligator est un petit film de monstre qui commence à dater maintenant, mais qui s’en tire assez honorablement.
L’interprétation est moyenne, mais dans l’ensemble plutôt bonne. Les acteurs principaux (dont Robert Forster en tête), sont convaincants et crédibles. Leurs personnages sont aussi dotés d’un certain relief, même s’il y a quelques grands classiques. C’est le cas de Marisa Kendall, interprétée par Robin Riker, qui n’est autre que la scientifique de service. Ce n’est pas vraiment imaginatif.
Le scénario de son coté se base sur un mythe, celui des sauriens dans les égouts. Quant on voit les films de crocodiles (et d’alligator ca va sans dire) de ces trente dernières années, on se rend compte que cette idée n’a pas vraiment été exploitée, et du coup Alligator conserve un effet d’originalité certain. Il faut souligner son courage d’ailleurs de faire se dérouler cette histoire en pleine ville, lorsqu’en général les réalisateurs préfèrent se faciliter les choses avec des coins de campagne. Alligator maitrise bien son affaire, et la réaction par rapport au problème est réaliste. C’est intelligemment conduit, et même s’il y a par moment quelques baisses de rythme, dans l’ensemble l’histoire se suit avec plaisir.
Teague livre aussi une bonne mise en scène. Son principal défi était de masquer le manque de budget évident de la production, et il y parvient bien. Les scènes d’attaques du crocodile sont distribuées avec parcimonie, mais sont globalement très efficaces, avec une mention particulière pour celle dans la rue. La caméra du réalisateur circule aussi avec aisance dans les égouts, faisant monter un certain suspens et une belle tension. La photographie n’a rien de particulier mais n’est pas non plus déplorable. Elle fait son âge, mais après tout Jaws aussi, et comme la très grosse majorité des films qui ont plus de trente ans (il y a des plus jeunes qui font plus vieux !). Les décors sont ceux d’un film à 1.5 millions qui a beaucoup donné sur ses effets spéciaux, donc il ne faut pas s’attendre à des miracles. Les fx par contre eux sont très réussis. Franchement à une époque où il n’y avait pas d’image de synthèse, et avec un budget ric-rac, Alligator est assez impressionnant. Certes le monstre apparait assez sobrement, mais lorsqu’il sort des égouts et se dévoile en entier, il en jette. La scène d’attaque de la garden-party vaut aussi son pesant de cacahuètes. Dans l’ensemble il m’a paru très réaliste, et les effets se sont à peine émoussés. Teague, il faut le rappeler, fait un travail de mise en scène splendide dans ces moments là pour gommer au mieux l’effet cheap qui pourrait survenir. Les effets horrifiques sont réduits, mais il y a quelques surprises bienvenues. Musicalement par contre, une bande un peu stressante manque à l’appel.
Si vous aimez les films de monstre et qu’un film des années 80 ne vous fait pas peur, ma foi Alligator est pour vous. Ce n’est pas le meilleur dans son genre, mais il est honnête et ne se moque franchement pas du spectateur. Certes il est fauché, certes il n’a pas de star, mais il fait beaucoup avec peu, et c’est louable. Il y a de très bons moments, et à l’heure où l’on parle des dérivent liées aux nouveaux animaux de compagnies, Alligator trouve un écho préventif finalement très sympathique.