Silhouettes découpées sur les dunes... Le petit matin à Dunkerque, ville glaciale en état second une fois l'an... Entrée picturale et musicale feutrée, d'une élégance ! Couleurs pétantes, petites ombrelles perchées au bout de piques tournicotant au-dessus du sable, à gauche les immeubles gris tremblottants qui attendent, ces hurluberlus marmonnant encore quelque couplet se lèvent ou se couchent ?... La caméra virevolte comme un insecte sur les tenues : perruques rougeoyantes, plumeaux fluo, un défilé clownesque empruntant au théâtre italien, savant mélange offert aux sens... Karnaval avec un K immortalisé efficacement par Thomas Vincent. On croirait le prolongement contemporain du cinéaste Renoir fils du peintre... Plein de promesse et ensuite aucune déception, "ça assure" à chaque plan ! En contrepoint de la liesse des cafés ou des rues, quelques intrusions dans les intimités, qu'on capte bien la réalité des trois qui nous occupent... Minutes angoissantes, et déjà il faut tendre l'oreille sur ces chansons entonnées depuis des générations et sans doute remises au goût du jour. Un débordement entendu, jamais trop abject pour autant, le collectif "tient" les participants pendant un mois et demi (!), durée nécessitant un juste équilibre des énergies (compacts, ces petits groupes, comme pour se tenir bien vivants dans le froid hivernal). Excellente thérapie annuelle, car au boulot, loin d'être la joie !... Béa et Larbi ne peuvent que se plaire à mettre ensemble l'époux au lit, Christian bientôt à l'état de fauve, ce que c'est que de côtoyer un chien dressé à l'attaque...Franchement, cette épopée carnavalesque a gardé toute son intensité, encore bien piquante en 2009 sur vidéocassette !