Après leur dernière collaboration dans Brice de Nice (2005), le réalisateur James Huth s’associe une nouvelle fois avec Jean Dujardin pour tenter la délicate aventure d’une adaptation cinématographique portant au grand écran le cow-boy solitaire le plus célèbre de l’Ouest.
L’expérience a d’ailleurs pu être essayée à sept reprises depuis Daisy Town, en 1971, avec un succès très mitigé, à tel point que James Huth a tout de suite été prévenu de la complexité du projet. Mais qu’importe, l’idée est lancée, en adaptant un scénario original mais en puisant dans les références de la bande-dessinée pour donner vie à quelques-uns des personnages les plus emblématiques de la série.
James Huth n’a pas souhaité adapter fidèlement l’œuvre de Morris, même s’il y a puisé quelques éléments scénaristiques, comme les personnages et la ville de Daisy Town, par exemple. Le réalisateur a préféré prendre quelques libertés, que l’on voit notamment transparaître dans l’architecture épurée des décors. Mais le résultat, très décevant, est loin d’être à la hauteur. Certes, atteindre le niveau de l’œuvre originale est mission impossible, mais en massacrer l’esprit aurait quand même pu être évité.
En effet, le film à vocation purement commerciale est plombé par une série de blagues lourdes voire enfantines, par un scénario bâclé et parfois incohérent, ainsi que par le portrait d’un héros devenu presque risible, loin du Lucky Luke fier et sûr de lui que l’on peut trouver dans les bandes dessinées.
Dans l’ensemble, les jeux d’acteurs sont plutôt satisfaisants, si ce n’est celui de Jean Dujardin, peu crédible dans la peau du plus redoutable cow-boy du Far West. Certes, ce film de Lucky Luke est beaucoup plus proche de la comédie potache que du western classique, mais un effort pour rendre le protagoniste principal un peu plus digne et moins benêt n’aurait pas été de trop. Sa romance avec Belle est ridicule et inutile, si ce n’est pour être le prétexte pour Lucky Luke de récupérer son colt et sa mission de justicier. Les méchants qui deviennent gentils, le retournement final que l’on voit arriver de très loin et le développement inexistant des personnages (si ce n’est celui de Lucky Luke avec une fade histoire de vengeance après le meurtre de ses parents) sont autant de faiblesses irrécupérables. Seuls la photographie et les décors naturels argentins peuvent apporter un semblant de satisfaction au public qui espérait retrouver le charme des histoires originales de Lucky Luke.
Un seul conseil à donner : montez sur votre cheval et fuyez cette aventure insipide, tirée par les cheveux et bâclée, qui ne fait que bafouer l’esprit de la bande dessinée à coups de petites blagues lourdes et inutiles. Il faut dire que depuis, James Huth a réalisé d’autres navets tels que Brice 3 et Rendez-vous chez les Malawas, un argument qui devrait être assez solide pour continuer à délaisser sa filmographie et à le classer dans la catégorie des cinéastes qui n’en ont que le nom.