In Memoria Di Me : les secrets du tournage

Le réalisateur a expérimenté avec Christo Jivkov et Filippo Timi, respectivement Andrea et Zanna dans le film, les exercices spirituels de Saint Ignace de Loyola (1491-1556), fondateur de l'ordre des Jésuites. Ces exercices consistent en une méditation quotidienne d'une heure environ, dans le but de renvoyer à Dieu celui qui les fait. En parallèle, le silence doit être absolu et constant, et-ce toute la journée. Historiquement, l'origine de ces exercices spirituels est l'expérience de Dieu que fait Ignace de Loyola alors qu'il a 31 ans, à Manrèse, non loin de Barcelone. Depuis ce jour, il consignait systématiquement dans un cahier, ses réflexions personnelles. Son oeuvre ne sera achevée qu'en 1544. Ces exercices ont en tout cas été difficile pour l'équipe du film, comme le raconte Saverio Costanzo : "j'ai expérimenté, avec les acteurs, des exercices spirituels basés sur les enseignements de Ignazio de Loyola. Nous sommes allés dans sa grande maison, accompagnés d'un guide spirituel, et avons passé 8 à 9 jours dans le silence complet, avec une heure de méditation quotidienne. Au bout de 4 jours, on voudrait se suicider, mais les choses commencent à s'arranger le cinquième jour. Puis les choses redeviennent difficiles le sixième jour, mais à la fin, on se sent plus fort. C'est une expérience inracontable qui m'a fait prendre conscience que je n'avais rien compris."

In Memoria Di Me a été tourné dans la région de Venise, sur l'île de San Giorgio Maggiore, située en face du Palais des Doges, où se trouve encore une petite communauté de moines. L'ancien monastère, dont les premières traces remontent aux VIIIe-IXe siècle, est quant à lui géré et entretenu par une fondation privée, qui y organise régulièrement des manifestations depuis que le gouvernement italien lui en a concédé l'usage en 1951.

La parole à Saverio Costanzo, réalisateur du film : "In Memoria Di Me parle de l'obstacle à franchir pour atteindre la foi absolue, en particulier pour les gens qui se consacrent exclusivement à Dieu. C'est l'histoire d'Andrea, un jeune homme qui semble avoir tout ce qu'il faut pour être, ce que l'on appelle, un "battant". Il est intelligent, à l'aise en société, beau. Il a atteint un âge où il doit faire des choix qui seront décisifs pour le reste de sa vie, mais la multiplicité des choix ne fait que le paralyser. Pour Andrea, le succès n'est pas suffisant. Il veut plus. Il veut une raison suffisamment solide pour pouvoir sacrifier la liberté superficielle de sa génération. Il veut transformer sa vie en une expérience qui lui soit propre, mais il n'arrive pas à trouver sa voie. Je me sens proche d'Andrea dans ce sens et en terme générationnel. Une sorte d'incapacité, d'impossibilité à choisir une voie définitive : se fixer avec une personne, un travail, un mode de vie. C'est comme s'il manquait un maillon de notre ADN. Nous avons suivi nos désirs et nous nous retrouvons aujourd'hui dans les limbes de l'adolescence éternelle."

Distinct de l'entrée au Séminaire, le Noviciat a également un objectif sensiblement différent. Un Noviciat n'est pas fait pour devenir prêtre. Son but est d'introduire à la vie religieuse Jésuite (frère ou prêtre), par la découverte des textes fondateurs des jésuites, en particulier la vie et les écrits de Saint Ignace de Loyola. La lecture biblique est aussi de rigueur, de même qu'une initiation à la vie religieuse et l'expérience sur le terrain. Cette introduction à la vie religieuse ne passe donc pas par des cours de théologie et de philosophie lors du Noviciat, qui ne seront dispensés qu'une fois les premiers voeux religieux prononcés.