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aaber
32 abonnés
376 critiques
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4,0
Publiée le 14 juin 2008
Admirablement filmé. Chacun peut se poser des questions, essayer d'y trouver des réponses. Mais toutes les questions ne sont peut-être pas bonnes à poser ! Une retraite, Joyce ?
Il y en a qui font de la fiction dans l'espace, cette fois-ci c'est dans un noviciat... La réalisation de ce film et le jeu des acteurs sont remarquables, mais pour ce qui est du scénario, je l'ai trouvé; déprimant et loin de la réalité. L'ambiance de suspicion ajoute encore à la lourdeur de l'ensemble. On trouvera quelques notes d'espoir mais si lointaines de ce que peut vraiment être la vie spirituelle...
Ce sujet avait un intérêt certain: apporter un regard critique à la gestion temporelle de l'Eglise (communauté des chrétiens) par la hiérarche de l'église (institution). Le film traite ce sujet partiellement, violemment par moments mais pas complètement. La scène de fin semble remettre en cause tout ce travail comme pour être sur d'obtenir la caution de l'institution critiquée. Elle permet cependant 2 interprétations différentes (le héros va peut être changer les choses). Voilà pour le sujet. La forme, quant à elle, est rebutante à souhait. Chaque plan est trop long, trop lent, souvent vide de sens. Certaines scènes sont obscures et/ou paraissent totalement dénuées d'intérêts. Volonté de recréer une ambiance? Nous n'avions pas demandé à être punis! La musique est trop appuyée, parfois assourdissante. Le mutisme des personnages l'a rend encore plus présente et oppressante. Au final, les 2 coups d'éclats du film résident dans 2 scènes parlées, rapides, précises, puissantes qui tranchent avec la pesanteur des autres: le premier dialogue entre les 2 novices "dissidents" et le terrifiant monologue antépénultien du père supérieur face à Zanna. Ce dernier, Filippo Timi, sorte de fils naturel de Clive Owen et de Michael Shannon, fait l'effet d'un monstre de talents au milieu d'apprentis-acteurs.
Saverio Costanzo nous propose une vision intéressante sur la démarche sur ces hommes qui remettent leur vie à dieu. Ce n’est ni un documentaire, ni une fiction reprenant tous les poncifs habituels. Simplement une approche de quelques hommes par une introspection filmée presque en live autour d’Andréa, le novice arrivant. Il se penche sur ses propres motivations et très vite les confronte à celles des autres. Le cheminement spirituel, comme intellectuel passe par un lieu unique, le large corridor qui mène aux chambres et dont la lumière va évoluer au gré des humeurs vécues teintées d’espoir, de trahison, de renoncement. Ce monastère posé sur une petite île au milieu du monde (des vivants ?) renforce cette impression d’un univers mêlé de sérénité et de souffrance. De cette quête spirituelle, tous n’aboutiront pas. On pourrait penser que « In memoria di me » soit austère, statique, offrant peu de dialogues puisque reposant sur une dimension d’action calquée sur le cheminement de la pensée d’Andréa. Il n’en est rien. Une vraie force cinématographique se dégage et pousse le spectateur à devenir acteur, témoin à son tour. Il assiste à tout, il est constamment sollicité par ce qu’il voit. Ce film sur l’intériorité, où l’homme n’est plus qu’une ombre au service de sa foi, intelligemment mis en image, représente un vrai défi narratif dont Costanzo se sort avec brio. Une curiosité à découvrir autant qu’une invitation à la réflexion. Saisissant.