C'est à la fois un titre nostalgique, une chanson des Stones, et un nom de magasin de chaussures. Mais aussi un film sur la vengeance, noire et humaine, qui saisit chacun de nous dans certains moments de nos vies. Dans son Marseille natal et où il a toujours filmé, Guédiguian, bien loin du tape-à-l'oeil d'Olivier Marchal et de son "MR 73", signe un film lent et dur sur la perte, la tentative de reconstruction et le temps qui passe. Mais contrairement à son affiche pleine de sens, à sa bande-annonce dramatique et puissante, "Lady Jane" n'a rien d'un grand film. Car parler de la vengeance sans la montrer n'a rien de puissant ; attention, montrer ne signifie pas tomber dans la violence gratuite, mais le dernier film de Guédiguian a comme inconvénient majeur de ne parler de rien, ou à peu près. Il esquive son sujet, ses personnages, ses idées, et tombe complètement à côté de la plaque, dans une simple histoire de trois personnages qui font leur vie, avec leurs déceptions et leur courage, comme autant d'oiseaux qui fabriquent leurs nids. De cette vengeance ténébreuse et démoniaque qui finit apparemment par ronger tout le monde, difficile de retenir quoique ce soit tant Guédiguian semble éviter son thème ; après le terrible incident qui arrive à Muriel (le deuil est passé à la trappe), seule une séquence de traque vient rythmer ce parcours sans relief, sans rire ni amour, sinistre visage d'une France trop triste pour être réelle ; puis vient le conduit final, aberration énorme et mal amenée, qui tente de clarifier quelques pensées, et d'obscurcir les relations entre les personnages et leur passé. Peine perdue, ce passé, à l'exception d'une scène d'ouverture balancée comme une évidence, n'a aucune consistance, même si l'on sent que chacun meurt de cette perte du beau temps. Même la vengeance n'est pas au coeur du film, construit de manière insignifiante, cassé par des coupes abruptes de montage et des musiques additionnelles hors-sujet... au mieux Darroussin (peu crédible)