Les trois seuls films de Guédiguian que j'avais vu (A la vie à la mort, Marius et Jeannette et Le promeneur du champ de Mars) ne m'avaient pas vraiment emballé. Mais un début de bon bouche à oreille, malgré une bande-annonce pas très accrocheuse, m'a poussé à aller voir son dernier opus. Grand bien m'en prit car Lady Jane est une excellente surprise et j'ai été scotché au siège pendant 1h40. En s'attaquant au polar, le metteur en scène marseillais signe un film fort, dur, noir. Tous les codes du genre sont réunis, dans un scénario écrit au couteau, qui dès les premières minutes intrigue, étonne, et offre une scène choc, terrible à glacer le sang, qui nous emporte définitivement en nous liant au destin de cette femme que son passé rattrape tout d'un coup sans prévenir. L'histoire en devient alors passionnante et l'on suit les prérégrinations du trio d'amis avec intérêt et curiosité. La mise en scène à la hauteur de l'histoire, alliée à ce scénario, nous fait bien comprendre les raisons qui les poussent à agir ainsi, sans les juger, mais sans nous les faire aimer ou détester non plus particulièrement. On pourrait dire que le film manque de chaleur humaine et d'humour, mais le récit ne porte pas vraiment à cela, le thème ici est une vraie histoire triste, une histoire de vengeance et de rédemption. Le tout est donc totalement cohérent. Le trio d'acteurs, fidèles, famille du metteur en scène est parfait. Ariane Ascaride très digne, sobre, belle, incarne à merveille cette héroïne sombre, à qui le pire arrive au moment où elle s'y attend le moins. Robert Meylan et surtout Jean-Pierre Darroussin sont aussi très bien, rien à dire.N'allez donc pas voir Lady Jane pour vous détendre ou pour rire un peu ! Car ce très beau film, très bien écrit, mis en scène et interprété, est une histoire sombre, dure, amère, implacable. C'est aussi un film sur le passé, sur les illusions perdues, sur l'amour déçu, sur la mort et l'absence plus fortes que tout. L'antithèse des Ch'tis quoi !