Une chose à savoir sur les comédies musicales au cinéma. C’est que la plupart d’entre elles ne sortent pas comme ça de l’imagination de ses concepteurs. Soit il s’agit de films à 100% parlés accompagnés d’une bonne BO (Flashdance, La Fièvre du Samedi Soir, Footloose), soit ce sont des divertissements portés exclusivement sur la danse où il faut des musiques accompagnatrices (Sexy Dance, StreetDance), ou bien les producteurs ne se fatiguent pas et décident d’adapter directement une comédie musicale existante sous forme de spectacle, la plupart du temps venant de Broadway (Grease, Rock of Ages réintitulé chez nous Rock Forever). C’est à cette dernière catégorie que nous allons nous intéresser, avec Mamma Mia !
Certains adeptes de la culture musicale (qu’ils connaissent le spectacle, le film ou aucun des deux) n’auront pas mis longtemps à trouver d’où peut provenir ce titre. Et pour cause, Mamma Mia fait partie de la longue liste des tubes à succès du groupe ABBA. Qui même après son éclatement (pour rappel, il s’agissait de deux couples dont les deux femmes ne peuvent plus désormais se voir) continue à faire du chiffre et ce depuis des années ! Alors, pourquoi ne pas réunir les meilleures chansons de toute une carrière en un seul spectacle ? Ainsi est né Mamma Mia !, dont le succès reste indiscutable. Au point d’avoir sa propre adaptation.
Seulement voilà, il est toujours aussi ardu de rendre un film musical intéressant si le récit n’est, déjà à la base, pas folichon. Et pour cause, voici l’histoire : sur le point de se marier, une jeune femme fait venir en secret ses trois pères potentiels (ok…) à ses noces afin de savoir lequel est le vrai et qu’il se réconcilie avec sa mère. Alors là, si Shakespeare voulait se lancer dans la comédie dite n’importe quoi, même lui n’aurait pas fait mieux ! Je sais bien qu’une histoire n’est pas forcément ce que l’on rechercher le plus dans une comédie musicale (regardez Rock Forever !). Mais là, il ne faut pas pousser ! Et si seulement c’était drôle (ah, Grease…), mais même là, Mamma Mia ! n’est pas une comédie à proprement parlé (même si le ton du film se montre très, très léger avec ses personnages hauts en couleur et certains clichés).
Il faut donc se poser sur le côté musical de l’ensemble pour éviter de faire un infarctus avec un tel script. Parce que pour ce genre de divertissement, c’est tout ce qui est musiques et chorégraphies qui fait le charme (en même temps, c’est pour ça que l’on regarde ce film !). Et il faut bien le dire, niveau ambiance, Mamma Mia ! en jette ! Pas besoin d’être de la génération du groupe pour adorer des titres comme Mamma Mia, Money Money et autres titre d’ABBA, tubes franchement indémodables. D’autant plus que la BO se veut moderne sans pour autant trop dénaturer les notes et thèmes d’origine, pour que ceux-ci puissent être reconnaissables et surtout écoutables. Mais ce qu’il y a de bien aussi avec Mamma Mia !, c’est de voir des acteurs mondialement connus (Meryl Streep, Pierce Brosnan, Colin Firth, Stellan Skarsgard, Amanda Seyfried entre autres) se prêter au jeu du chant (chacun pousse au moins une fois la chansonnette, même si l’on aurait aimait en voir certains un peu plus) et s’amuser comme des petits fous. Et pour le montrer, les têtes d’affiches se sont permis d’enfiler les costumes du groupe pour effectuer un petit numéro sur scène lors du générique de fin. Un plaisir grandement partagé : ingrédient nécessaire pour une bonne comédie musicale.
Alors pourquoi cette amère déception de la part de Mamma Mia ! ? La BO est de très bonne facture, les comédiens s’éclatent. Que manque-t-il ? Ah oui, des chorégraphies ! L’ambiance a beau se montrer énergique et au beau fixe, l’absence de danse pour finaliser cette atmosphère de gaité se fait cruellement ressentir. Les personnages sont contents, l’expriment en s’égosillant et en… faisant des figures de gym ? Oui, c’est bien cette impression que l’on éprouve en regardant les séquences musicales du film… Notamment celle où tous les habitants de l’île (grecque cela dit en passant, détail important pour le paragraphe qui suit) se retrouvent sur les quais pour écarter les bras, les jambes, flexions, extensions et tous à l’eau ! En bref, s’il n’y a pas de danse pour le plaisir des yeux, autant se reporter tout simplement sur un disque et ne profiter que des musiques. Ou bien, ne regardez que le générique de fin !
Et ce qui gâche également Mamma Mia !, c’est son côté rose bonbon ponctué par un final où l’on cumule non-stop les chansons « tristes » du groupe. Avec, avant d’en arriver là, des répliques mièvres, des bons sentiments en surdose et surtout une mise en scène « carte postale » ! Et c’est là que je vais revenir sur le fait que l’histoire se déroule sur une île grecque. Il fallait pour ce récit où suinte la bonne humeur un décor de rêve, exotique. Avec du soleil, de la chaleur, le sable blanc de la plage, une eau aussi bleue que l’on croirait remplie de Canard WC, le plan inévitable du coucher de soleil, une nuit au ciel étoilé dont le reflet de la lune se remarque à la surface de la mer… Une véritable publicité pour tous ceux qui cherchaient l’endroit idéal pour passer leurs vacances d’été en un lieu paradisiaque. C’est beau à voir mais du coup, cela ramolli encore plus cette guimauve bien trop sucrée.
Le film Mamma Mia ! peut donc remercier le succès du spectacle dont il est tiré et bien, entendu, du groupe à l’origine de tout. Car malgré sa bonne humeur contagieuse, sa bande son musical et ses acteurs qui s’amusent comme s’est permis, le film ne vaut pas grand-chose. Surtout s’il manque des séquences chorégraphiées qui ne font pas fitness ! C’est pour cela que Mamma Mia ! reste très vite oubliable, n’arrivant pas à la cheville des autres titres du genre.