Dwan avec PASSION (Tornade en français, titre ridicule car il s’agit d’un western pas d’un film catastrophe, ni d’un documentaire climatologique) aborde le thème de l’opposition entre la vengeance personnelle et le respect de la loi. Sujet pratiquement jamais traité à cette époque, le respect de la loi n’étant pas une préoccupation pour le vengeur. Et pas davantage dans les années qui suivront, que ce soit RIDE LONESOME (1959), ONE-EYED JACKS (1961), PER QUALCHE DOLLARI IN PIU (1965), NEVADA SMITH (1966), seul John Sturges avec THE LAST TRAIN FROM GUN HILL fera exception à la règle, Douglas respectant la loi de bout en bout, ce qui paraît normal pour un sheriff (mais Sturges dans HOURS OF THE GUN, réalisé sept ans plus tard, montre un Wyatt Earp qui se sert de son mandat pour abattre un par un les assassins de son frère).
Benedict Bogeaus (avec qui Dwan s’était brouillé), peu satisfait de la mise en image et de la direction d’acteur, appela Dwan à la rescousse. La mise en image et les travellings croisés sur des panoramiques superbes montrent la patte de Dwan, ainsi que la qualité des relations entre les personnages avec une mention particulière pour Cornel Wilde qui interprète parfaitement cet homme que la douleur a rendu assoiffé de vengeance, et l’excellente Yvonne de Carlo, toute en nuance dans les deux rôles qu’elle interprète. Raymond Burr comme représentant de la loi qui ne prend aucun risqué est également très crédible. Malheureusement les seconds rôles en font des tonnes (sauf Lon ChaneyJr dont le rôle est incroyablement sous exploité) et les stocks shots insérés à la fin nuisent à la cohérence visuelle de l’ensemble. La repentance du héros semble un peu facile, surtout lorsque tout mobile a disparu, le scénario tombant dans une facilité qui “guimauve” bien la fin, permettant ainsi d’éviter toute polémique entre les pacifistes et les red necks et qui pose la question du devenir du commanditaire des crimes pour lequel le héros ne semble avoir aucune rancune. Bizarre, dogmatique ou regrettable ? Réalisateur, scénariste ou producteur, cherchez le coupable.