Fanny Ardant, pour sa première réalisation, nous convie à un drame familial où l'honneur, les sous-entendus, la vengeance sont les points forts et sont constamment remis en cause.
Fanny Ardant, telle qu'on la connait, nous le savons, est une femme de caractère, forte, ayant un côté masculin marqué. Et son tempérament, elle le déverse tout au long de son film pour en donner un bijou d'émotions et de tensions.
Les choix artistiques de Fanny Ardant sont grandioses. Ronit Elkabetz était LA parfaite interprète, dans un rôle qui lui va comme un gant, dans lequel elle excelle et est éblouissante. Elle est le pivot de l'histoire et, avec un caractère de femme également bien trempé, ressemble à Fanny Ardant, avec une voix grave et éraillée qui fait parfois froid dans le dos. La musique choisie est très bonne, et les cordes du violon qui grésillent vont on ne peut mieux avec le ton donné au film.
D'un point de vue technique, Cendres et sang est absolument magnifique! Du début à la fin, les cadrages sont excellents et les couleurs sublimes et somptueuses.
Cendres et sang est un film bicolore: le rouge, couleur flamboyante, couleur du sang, couleur de l'amour, et le gris, couleur terne, couleur des cendres. Le film tourne autour de ces deux couleurs: à part les notes très subtilement apportées de rouge, le reste du film est dans un ton très terne. Du début à la fin, Fanny Ardant respecte le parti prix qu'elle s'est imposé, et signe finalement un très, très beau film, dont on se souviendra longtemps des intenses couleurs et des visages, parfois vengeurs, parfois bouleversés, parfois heureux. Du grand art, bravo!