"Le Dernier Maître de l'air" est le premier et très mauvais film pour enfants de M. Night Shyamalan. En voulant faire un film pour enfants, M. Night Shyamalan s'est vautré dans le double écueil de la mièvrerie (qui menace parfois son cinéma), et de la laideur (dont il s'était toujours tenu à distance). En partie attribuable à une transformation en 3D faite à la dernière minute, laquelle donne aux spectateurs porteurs de lunettes noires et rouges un mal de crâne carabiné, cette laideur rappelle certaines adaptations cinématographiques de jeux vidéos en vogue au début des années 2000. Il est question d'avatar, le film est en 3D, et il est signé d'un grand cinéaste. Malgré ces points communs qu'il partage avec le dernier film de James Cameron, "Le Dernier Maître de l'air" ne peut sur aucun plan s'y mesurer. "Le Dernier Maître de l'air" se situe dans un passé mythologique inventé de toutes pièces. Divisé entre les nations tribales de l'Air, de l'Eau, de la Terre et du Feu, le monde est menacé de destruction par les instincts belliqueux de cette dernière. Son salut repose entre les mains de quelques êtres d'exception, nés avec le don de commander aux éléments, et en particulier l'un d'entre eux, l'Avatar, qui a la faculté de contrôler les puissances du feu, de la terre, de l'air et de l'eau. Lorsqu'on les découvre au début du film, ces enfants parlent et se comportent comme de jeunes Américains d'aujourd'hui, ce qui a le défaut de décrédibiliser la proposition mythologique qu'ils sont censés incarner. Quant à la suite du récit, son intérêt est strictement nul. Il se résume à un conflit simpliste, et à une succession de combats dont on se moque bien de l'issue. Scénario calamiteux, action qui ne décolle jamais, acteurs faiblards voir très mauvais (Jackson Rathbone en tête), manque d’héroïsme et facilités narratives d’un autre temps : voilà comment résumer ce film d'action sans âme et sans saveur. Pur produit commercial qui ne séduira que les enfants peu regardants et âgés de moins de dix ans, le nouveau film de Shyamalan est une catastrophe à tous les niveaux. On n’en retiendra que les effets visuels de qualité (encore heureux vu le budget !), pour le reste c’est le vide intersidéral, 1h43 de nullité absolue indigne de son talent. Mais dès les premières images de ce film d'action, on pouvait se poser la question de son intégrité artistique. Des images certes impressionnantes mais sans âme, et même si le réalisateur et toute son équipe n’en ont pas fini de hurler qu’il a fait ce film pour ses petites filles fans de la série animée originale, il ne fait aucun doute qu’il a réalisé ce blockbuster insultant simplement pour redorer son blason et devenir enfin bankable. C’est surtout un échec artistique d’une ampleur démesurée. De plus "Le Dernier Maître de l’air", qui n’est que le premier volet d’une trilogie, est en fait l’adaptation de la série animée "Avatar". Et c’est confirmé, le nouveau film de Shyamalan hérite d’un scénario tout simplement indigent, qu’il a lui-même écrit. Établir la liste de ce qui cloche dans ce film paraît presque impossible tant l’échec est total. On passera donc rapidement sur le fait que tout ça est baigné dans la culture asiatique, que ce soit au niveau des décors, costumes et noms des personnages, mais que tous les acteurs sont blancs et parlent un anglais parfait, on n’est pas à une aberration près après tout. Et puis le film en lui-même contient suffisamment de coquilles pour écrire un roman. Le souci majeur est que le film se veut un classique pour enfants instantané, sauf que la mayonnaise ne prend pas. Le souffle épique qui veut se mettre en place à plusieurs reprises se voit annihilé à chaque tentative à cause d’un montage lamentable qui vient avorter chaque séquence au moment même où elles s’apprêtent à décoller, et la conséquence immédiate est que tout cet univers ne se met jamais en place, d’autant plus que des trous scénaristiques béants viennent sournoisement détruire l’ensemble du récit. Des personnages apparaissent comme par magie, disparaissent, certains découvrent des pouvoirs incroyables, et tout ça sans raison aucune. À ce niveau-là on ne peut même plus parler d’ellipses narratives mais juste d’erreurs grossières indignes d’une production de cette envergure, c’est une honte ! Sinon des mauvaises idées on en a à la pelle, comme le casting, pitoyable. Le pire acteur de la saga "Twilight" (un comble), Jackson Rathbone, hérite du rôle niais par excellence et qui trouve son apogée dans sa rencontre avec Seychelle Gabriel, avec un coup de foudre qui se transforme en grand moment de comédie. Dev Patel pourtant très bon dans "Slumdog Millionnaire" n’est vraiment pas à sa place dans un rôle plus que caricatural de prince déchu et de méchant de service (assez complexe et intéressant cependant puisqu'il va
également s'allier momentanément avec le héros Aang
), Nicola Peltz nous ferait presque de la peine tant elle échoue à donner de la consistance au personnage de Katara... Tous sont logés à la même enseigne grâce aux dialogues débiles et il n’y a bien que le jeune Noah Ringer qui s’en sort pas trop mal, surtout car il bouge très bien, qu'il interprète un personnage principal attachant et que ses séquences de katas sont vraiment belles, on y croit. C'est d'ailleurs l'unique point fort de ce film qui reste un beau navet à éviter fortement