La bande annonce annonçait du spectacle, et elle ne ment pas sur la marchandise. De plus, l’intérêt apporté à la maîtrise des éléments que sont l’air, l’eau, la terre et le feu, suscite l’intérêt. Ce programme méritait d’être vu sur les immenses écrans des salles obscures, mais seulement pour le côté spectaculaire. Les effets spéciaux sont plutôt convaincants dans leur ensemble, il faut le reconnaître, même si on a connu mieux en la matière, mais bien pire aussi. Quant au scénario… beaucoup d’abonnés au site Allociné comparent ce film à la série animée du quasi même nom et expriment une certaine déception. Je ne peux en dire autant car j’ignorais totalement l’existence de cette fameuse série jusqu’à la lecture de ces nombreux avis. Aussi, n’ayant aucun élément de comparaison, je ne peux être aussi sévère qu’eux. Le scénario met en scène une aventure épique, dont un rapide résumé pourrait se résumer à du déjà-vu : une personne, qui possède les clés pour sauver le monde afin de lui assurer un avenir sous un meilleur jour, pourchassée par des assoiffés de pouvoir. Quoiqu’on en dise, ce n’est pas un thème nouveau, mais l’associer aussi étroitement aux éléments vitaux représente une bien belle idée, bien qu’on ne puisse s’empêcher de penser d’une certaine façon à "Le cinquième élément" de Luc Besson. Seulement voilà : quand on prend trop au sérieux une telle épopée, mêlée à la fois de légendes, de fantastique et d’aventure, ça en devient vite limite ennuyeux. On peut citer plusieurs films portant ce savant mélange, et on constate en général qu’elles sont rythmées et sont portées par quelques touches plus ou moins développées d’humour aussi fin que savoureux, comme on a pu le voir à travers "L’apprenti sorcier" avec Nicolas Cage. Dans "Le dernier maître de l’air", le constat est clair : pas une once d’humour, sauf peut-être à l’entame du film quand la boule d’eau vient s’écraser sur le frère de la personne qui manipule cette sphère. Bien entendu hors cadre, sinon c’eût été trop drôle ! Mais en matière d’humour, si j’ose l’appeler ainsi, c’est tout ce qu’on aura à se mettre sous la dent. Un ingrédient absolument indispensable dans ce genre de film. D’autant plus que ça aurait peut-être permis de gommer l’aspect puéril de certaines répliques. Point de vue casting, il n’y a pas grand-chose à sauver, mis à part le jeune Noah Ringer qui a fait ni plus ni moins ce qu’on lui a dit de faire
, alors qu’il apparait impensable que ce gamin ne rit jamais alors qu’il ne voulait pas de ce genre de responsabilités, estimées (à juste titre) trop lourdes à porter
. Ni Dev Patel, le héros malgré lui de "Slumdog millionnaire", ni Cliff Curtis ne parviennent à apporter quoi que ce soit ; pire, ils frisent la caricature. La réalisation est bonne, comme l’ensemble des aspects techniques. Ce que je reproche, ce sont les manquements du scénario de par une absence totale d’humour, et par conséquent la direction artistique, dispensée dans la pure lignée de l’écriture du script. Alors oui, malgré ma note relativement généreuse (à peine au-dessus de la moyenne), j’ose affirmer que réaliser un tel film possédait un énorme potentiel. Il aurait seulement fallu en confier l’écriture à quelqu’un d’autre, et éventuellement la réalisation. Un formidable gâchis qui, en prime, appelle à une suite. Espérons que si elle voit le jour, elle soit bien meilleure…