Les films fantastique des années 50-60, c'est vraiment ma came; j'adore ça, et le "ça" m'adore. Imaginez lorsque le genre accueille, une fois encore, la venue du grand, du très grand, sûrement l'un des plus grands de la profession, Peter Cushing, aka Van Helsing, Moff Tarkin et, surtout, Victor Frankenstein. C'est surtout que le mec pèse, quand on réfléchit plus en avant sur son compte. Non pas qu'il soit le meilleur d'entre tous ( il ne semble point y en avoir, à mon goût ), mais c'est qu'il est quand même vachement bon, le mec; au point de s'opposer à un mec de plus d'1 mètre 90, alors qu'il fesait trente centimètres de moins ( ou vingt, je ne sais plus ). Petit par la taille donc, mais grand de par son incroyable talent de comédien. Alors si vous ne le connaissiez pas, rattrapez votre retard, et lancez vous dans la course. Cette fois, l'on va parler du "Redoutable homme des neiges". A écouter le titre, l'on pourrait s'attendre à une banale série b, presqu'à un mauvais navet ( oui, j'aime les pléonasmes ); quenenni, mes amis. L'oeuvre est bonne, vraiment : la qualité est au rendez-vous, et l'expérience s'avère, sinon plus que positive, d'autant plus efficace que le tout est porté par une floppée de points positifs. Premièrement, le jeu des acteurs passionne sans peine : d'un côté, un Cushing tout jeune et ne se doutant pas de la grande carrière qui l'attend; de l'autre, des seconds couteaux talentueux et crédible. Le travail de mise en image est également très convaincant : non seulement c'est joli, mais le noir et blanc de l'image, loin des filtres d'image dont on a, aujourd'hui, l'habitude dans le genre, donne cet aspect si particulier à la neige, qui fait que l'on a soudainement l'impression de n'être qu'une minuscule forme de vie, devant toute l'immensité de la nature. L'impact sur le spectateur est donc tout à fait réussi : l'oeuvre ne nous laissant pas de de marbre, voire même de glace, je considère l'effet comme réussi. A noter, cependant, un manque de travail sur les ombres : ayant vu "L'homme invisible" juste après, je peux vous dire que j'ai clairement fait la différence. Au niveau de l'image, il manque un travail sur la noirceur de certains aspects du paysage, sur les ombres qui s'y affichent. Et c'est dommage, parce que l'oeuvre aurait pu s'élever de sa condition de simple série b, et devenir une sorte de chef-d'oeuvre pictural. Mais attention, le réalisateur, un certain Val Guest, véritable inconnu à mes yeux, désormais invité, et par là même entré, dans ma culture personnelle ( grosse blague ), nous livre un sacré travail. Non seulement c'est joli, travaillé, mais en plus, le mec s'accomode parfaitement de son manque de moyen évident. La ( presque ) absence du monstre tant redouté est notamment permise par un habile choix d'écriutre, dont je vous reparlerai plus bas. Dès lors, jouant sur ce qui n'est pas montré à l'écran, et sur l'évidente puissance démesurée de son monstre, Guest nous invite ( une fois de plus ) à regarder son film différement, à plus s'intéresser fond qu'à la forme. Là est donc la meilleure manière d'apprécier ce film comme il se doit : en se demandant ce qu'il vaut réellement au niveau de l'écriture, plutôt que le critiquer pour ses effets spéciaux ( qui, soit dit en passant, ne sont pas mauvais; a âge égal, j'ai déja vu bien pire, le design de l'animal ayant au moins le qualité de se montrer original ). Outre des thèmes rebattus rappelant ceux du "King Kong" de 33, la rédaction de l'oeuvre se veut originale et bien plus basée sur la psychologie des personnages, sur la répercussion des actes qu'ils subissent par rapport à leur personnalité de début de film, plutôt que sur une action excessante, qui l'aurait condamné à terriblement vieillir, aux vues de ses moyens. Ainsi, l'oeuvre s'en sort admirablement bien, parvenant à transformer un handicap en qualité. Si ça, c'est pas dingue ! L'écriture est donc très convaincante : partant d'une idée déja vue, elle parvient à s'en détacher, petit à petit, au fil de la plume, jusqu'à finalement trouver sa voie, la bonne. Au départ classique, elle s'avère tellement bien orchestrée et menée que le résultat final n'aura pu que me satisfaire.J'ai également apprécié son aspect réaliste, presque sincère : les mecs parlent comme de vrais mecs, sans discours pompeux ou surfaits. Tu le sens qu'ils viennent de la campagne, que ce sont bien plus de simples hommes que de grands aristocrates anglais du 20ème. A noter, par contre, quelques petites erreurs de montage; rien de bien méchant, ai-je envie de dire, puisque l'expérience n'en n'est point gâchée. A voir, donc, tant l'oeuvre sort des sentiers battus.