Info ou intox? Vérité ou mensonge? En oubliant tout de suite le passé de DePalma, l'un des maîtres du cinéma actuel, "Redacted" se pose comme une oeuvre nouvelle dans sa filmographie ; adieu la mise en scène incisive et ultra-technique, rigoureuse et faussement tape-à-l'oeil. Ici, le travail du réalisateur (qui, jusqu'à ce nouveau film, à dans ses oeuvres toujours été influencé par Hitchcock) se résume à son simple discours, sur le sujet toujours aussi d'actualité portant sur la guerre en Irak. Signant une pièce mi-fictive mi-documentarisée, "Redacted" pose problème. Les questionnements, à la sortie du film, sont les suivants : DePalma prend parti, c'est bien, sa vision est, en facade, claire, et son film pose la question du pouvoir des médias, de la puissance de l'image et l'incidence qu'elle a sur la victime (c'est-à-dire le spectateur, en partie), mais son film n'a-t-il pas tendance à donner dans la débauche lui aussi? A vouloir nous montrer le vrai, DePalma ne finit-il pas par nous mettre dans une position de témoin, de non-retour? La question retourne donc aux fondements de la conséquence artistique sur l'être humain ; le cinéma, par exemple, peut-il alors prendre la forme d'un plaidoyer anti-guerre via la vision crue de massacres, sans que la perception du spectateur n'en soit victimisée? La violence à l'état brut a-t-elle d'interêt au cinéma? Car en sortant, larmes aux yeux, de cet éprouvant volcan de sang, a-t-on même la force d'agir? En ce sens, "Redacted" n'amène à rien, si ce n'est prendre conscience, mais là encore, d'une chose que l'on sait déjà. Certes, il faut avoir le tact de faire comprendre la situation au spectateur, de le mettre dans ses obscurs retranchements par la simple magie du montage, mais si l'exercice, à part viser un sujet, ne prend pas le spectateur par la main pour lui donner envie d'agir, alors le film n'a plus aucun interêt, si ce n'est se laisser défiler avec sympathie (parfois, mais pas ici, sur une mise en scène aussi naturalisée