Cédric Anger, premier long-métrage. Sorti des enfers des Cahiers du cinéma après avoir réalisé un moyen-métrage en 2002, "Novela", le voilà enfin avec une preuve de talent grâce au tueur, film noir aussi raté là où on l'attend, que réussi là où l'on ne l'attend pas. En fait, cet étrange objet cinématographique, sur un sujet somme toute banal, développe une non-intrigue. Explications : Il ne se passe strictement rien. Le tueur, durant 1h30, attend son contrat, dans une chambre d'hôtel, dans une voiture, dans les bras d'une belle jeune femme, contrat qu'il peine à éliminer. Si la relation entre tueur et victime, seul interêt du film, peine vraiment à prendre forme, la réussite réside ailleurs : dans l'attente, justement. Le film est si dénué d'enjeux dramatiques, que cela en devient fascinant, parce que sublimement filmé quand même. Et ce n'est pas pour se forcer à trouver un point fort au film, mais tout simplement parce que, face à l'ambiance noire plus ou moins réussie, le tueur devient profond. Au-delà de la terreur de son regard ténébreux et de ses joues creusées, qui provoque sur le spectateur un bel effet de stress, cet homme finalement comme les autres émeut par son absence de relation, de communication : voilà la facette rarement montrée au cinéma, de celle d'un tueur : son ennui. Attendre, dormir, se relaxer, manger, s'assoupir, se traîner... une vision forcément réaliste d'un certain côté, qui, au-delà des effusions de sang - que Cédric Anger s'obstine d'ailleurs à repousser - et des violences continues du personnage - que l'on ne nous montre pas - , arrive à créer une dramaturgie particulière : celle de l'immobilisme. Car c'est bel et bien un homme qui attend, que l'on nous montre ici. Et certaines scènes s'en voient alors extrêmement réussies, tandis qu'elles ne font pourtant preuve d'aucune maestria particulière : le plan-séquence du trottoir où Grégoire Colin (le tueur donc), observe des couples s'embrasser, est par exemple une superbe explication du ma