Je pense que je ne parlerai jamais assez de la déchéance de Luc Besson, surtout après ce qu’il nous a fait en livrant Arthur 2 et ses Aventures Incroyablement Tartes d’Adèle Blanc-Sec. Mais il faut voir la vérité la en face : comment un réalisateur de renom, papa de grands titres du cinéma français (Le Grand Bleu, Nikita, Léon) et international (Le Cinquième Élément) a-t-il pu descendre aussi bas ? Je veux bien admettre que le bonhomme, après Jeanne d’Arc et Angel-A, décide de revenir aux divertissements. Il n’empêche, la qualité est tout de même demandée dans ce cas ! Et cette chute à commencer avec Arthur et les Minimoys. Un grand geste de la part du cinéaste d’élargir sa palette pour s’attirer les faveurs du jeune public, c’est tout à son honneur. Encore faut-il que le résultat soit là ! Et c’est avec ce film que le plus américain de nos réalisateurs se foire. Et comme si cela ne suffisait, il se lance dans une trilogie à la Retour vers le Futur et Pirates des Caraïbes (le 2 et le 3, tournés dans la foulée, qui scénaristiquement se suivent) en livrant un 2nd opus, synonyme de foutage de gueule du fait d’être inutile pour les adultes et incroyablement mou du genou pour les plus petits. Je ne parlerai pas d’Adèle Blanc-Sec, préférant éviter le sujet… Passons donc à cet Arthur 3 qui, malheureusement, suit le chemin tracé par ses aînés…
Si l’on doit reconnaître quelque chose à la saga d’Arthur et les Minimoys, c’est qu’elle essaie de transporter le jeune spectateur dans un univers qui se veut original (quoique que je continue à dire que cela reprend à sa sauce l’univers de Fourmiz). Mais au bout du compte, le Luc Besson des productions EupaCorp. (celui qui s’occupe des films d’action à la pelle en les scénarisant avec les pieds) devait se montrer un jour ou l’autre. Et malheureusement, ce Besson-là apparaît pour ce troisième opus, le plus pauvre scénaristiquement parlant. Résumé : Arthur doit retrouver sa taille normale pour battre Maltazard, bien plus grand qu’à l’accoutumé… M. Besson, faire un film pour les gosses ne veut pas dire les prendre pour des idiots ! Ces chers enfants sont habitués aux dessins animés un temps soit peu travaillé de Disney (Atlantide, La Planète au Trésor et consort) et de DreamWorks (Gang Requins, Megamind…). Je sais bien que cet Arthur 3 est le dernier opus de cette saga et que vous avez manqué d’imagination, semble-t-il. Oui, manqué d’imagination au point de vous autorisez une parodie absurde de Dark Vador et de George Lucas trouvant l’idée de la mythique réplique « Je suis ton père » ! Manqué d’imagination jusqu’à bafouer une fin montée à la va-vite (que devient Darkos ? Arthur et Sélénia vont-il continuer à se voir d’une manière ou d’une autre ? Maltazard encore vivant (désolé pour ce spoiler ^^’) ?) ! Manqué d’imagination jusqu’à ne plus savoir raconter une trame digne de ce nom et à partir dans toutes les directions possibles pour y instaurer un humour qui ne fonctionne finalement jamais (Maltazard voulant avoir l’allure d’un magicien, une fourmi agrandi qui tape la discute avec Maman Arthur…) ! Même manqué d’imagination dans le titre, qui reprend de manière ridicule La Guerre des Mondes ! Mais cela ne doit pas vous empêcher à livrer un divertissement convenable ! Au lieu de ça, Arthur 3 n’est qu’un enchaînement de séquences d’action, avec des personnages toujours aussi lisses et la niaiserie gerbante propre à la saga étant encore une fois de la partie !
Au moins, si je dois reconnaître quelque chose à cet Arthur 3, c’est bien son dynamisme. Surtout par rapport au 2, qui était, dois-je le rappeler, un puissant somnifère ! Vous avez promis du plus grand spectacle avec ce dernier opus et, dans un sens, vous avez réussi votre coup. Enfin… réussi est un bien grand mot ! Car l’animation reste toujours aussi déplorable (digne des cinématiques d’une Playstation One) et il manque encore une fois ce panache qui ferait grimper vos séquences au rang des scènes les plus palpitantes du moment. C’est joli d’orchestrer un duel à mort dans un train (miniature), mais il faut tout de même le rendre bien plus palpitant que cela. C’est beau d’agrandir les personnages à échelle humaine et d’organiser une petite invasion et pourtant, vous avez oublié comment offrir du grand spectacle digne du Cinquième Élément (le final aurait pu être bien plus épique que ce qui a été fait ici !). Et, bien entendu, depuis le 1er film, vous ne vous êtes pas amélioré question mise en scène pour la partie live du film. Filmée par ce qu’il semble être un amateur, avec des acteurs incroyablement ridicules (aussi bien dans l’interprétation que dans le doublage) ! Et comme si cela ne suffisait pas, M. Besson, vous avez entraîné dans votre déchéance un compositeur (pourtant fidèle depuis vos débuts) également de renom, Éric Serra, qui lui aussi prouve qu’il a perdu (définitivement ?) l’inspiration ;
Eh oui, M. Besson, reconnaissez que vous en aviez eu marre de ces Minimoys et que vous aviez voulu, après la promesse d’une trilogie, en finir au plus vite. Sinon, pourquoi avoir réalisé un (affreux) Adèle Blanc-Sec entre temps ? Si ce n’est pas le cas, il serait vraiment temps de vous poser des questions sur votre statut de cinéaste de renommée, qui ne vous permet pas de réaliser tout et n’importe quoi. Arthur 3 est certes plus potable que le 2 grâce à son énergie, mais reste tout de même bien en-dessous du 1er et surtout de l’ensemble de votre carrière. C’est bien de s’aventurer dans le divertissement familial. Mais revenez plutôt à votre cinéma personnel ! Livrez-nous un thriller qui ait la grâce du scénario de Léon ! Le punch et l’humour du Cinquième Élément ! La magie du Grand Bleu ! Bref, Revenez, Luc Besson ! Revenez à vous !