Rabbit Hole est à l'origine une pièce de théâtre adaptée par son propre auteur, David Lindsay-Abaire. On trouve dans le film une qualité de dialogues admirable, dans de multiples face à face (mari et femme/mère et fille/soeur et soeur etc.) qui le servent et le font avancer. Autre atout de Rabbit Hole : sa mise en scène, quasi invisible, très axée sur les gros plans et qui se force à être sobre. D'autant plus étonnant quand on connait le tempérament de John Cameron Mitchell, l'auteur du déjanté Shortbus. Au moment où le film commence, un père et une mère sont en plein travail de deuil, huit mois après la mort de leur enfant. Là où d'autres metteurs en scène optent pour le drame, plus ou moins larmoyant, Mitchell choisit de parler du quotidien et des sentiments mêlés des deux personnages principaux. D'abord ensemble, avec le risque grandissant que leur couple implose, avant que chacun n'emprunte son propre chemin, parce qu'il faut faire avec, en tâtonnant pour trouver comment faire. Revenons à la mise en scène, c'est là où elle excelle, notamment avec un travail sur la lumière, radieuse (voir les scènes de parc) qui va à l'encontre de ce que l'on attendrait d'un mélodrame. Mais, justement, ce n'en est pas un. Bien sûr il y a de la douleur, mais aussi de la colère, face au regard des autres, et un humour occasionnel qui s'affranchit des tabous (une scène de fou rire, courte, mais mémorable) et exorcise le chagrin. Quel plaisir, enfin, de retrouver une Nicole Kidman débarrassée des oripeaux du glamour, naturelle et splendide. Une mention également à Dianne West, absolument remarquable, dans un rôle difficile de mère de la génération précédente, qui a vécu son propre drame. A part une petite faute de goût, un flashback au ralenti, Rabbit Hole est d'une constante sensibilité, sans jamais céder aux sirènes du tire-larmes. Faute de mieux, on appellera cela un très beau film.