Mon Führer a été présenté lors du 12ème Festival du Cinéma Allemand de Paris, en octobre 2007. En 2007 toujours, Sylvester Groth a été cité aux German Film Awards dans la catégorie Meilleur second rôle, et Dani Levy dans la section Meilleur réalisateur au Festival du Film International de Moscou.
Mon Führer a fait couler beaucoup d'encre outre-Rhin à sa sortie, en janvier 2007. 56% des personnes interrogées déclaraient qu'elles n'iraient en aucun cas voir le film; et seulement 35% d'entre elles jugaient "bien" le fait que le cinéaste suisse ait réalisé une comédie sur le plus grand dictateur de tous les temps. Stephan Kramer, secrétaire général du Conseil central des juifs d'Allemagne, s'était emporté : "Hitler n'était pas un personnage drôle. Ce n'était pas non plus un simple cas de thérapie... Il ne mérite aucune circonstance atténuante, aucune compassion de la part du public". Les critiques, quant à elles, ne firent pas non plus l'apologie du film. Et pourtant... le film s'est retrouvé quelques jours après sa sortie à la tête du box-office allemand, damant le pion à des grosses productions telles que Casino Royale ou Déjà vu, sortis à la même époque. La France, l'Allemagne et les Etats-Unis se sont en outre précipité pour acheter les droits du film.
Deux personnes ont inspiré Dani Levy et sont à l'origine du projet. Le personnage de Grünbaum est directement issu de Paul Devrient (auteur de Mon élève Adolf Hitler) qui a réellement existé et a été, avant et pendant la prise de pouvoir d'Hitler, le "coach artistique" de ce dernier, l'aidant à préparer ses discours et interventions publiques. Il n'était cependant pas juif, à l'inverse de Grünbaum. Alice Miller, psychanaliste suisse, a été rendue célèbre par ses ouvrages et ses thèses sur la violence cachée qui caractériserait souvent les relations entre parents et enfants. Son livre C'est pour ton bien (Am Anfang war Erziehung) a servi de support d'inspiration à Mon Führer. On y trouve en effet un chapitre sur l'enfance d'Hitler, chapitre qui a servi à Dani Levy, qui explique : "Sa description précise du rapport entre les souffrances subies durant l'enfance et l'esprit de revanche qui en découle à l'âge adulte m'a beaucoup plus appris que les douzaines de représentations historiques des faits. Je ne veux pas me rattacher de manière monolithique à ses thèses, mais je les trouve néanmoins riches d'enseignement."
Si Charles Chaplin (Le Dictateur), Ernst Lubitsch (Jeux dangereux) ou même Mel Brooks (Les Producteurs) avaient déjà tourné le dictateur en dérision, aucun long-métrage réalisé en Allemagne ne l'avait encore traité de la sorte. Dani Levy, fan avoué d'Ernst Lubitsch, confesse avoir voulu réaliser un film dans la même veine que le maître. Pour l'anecdote, Levy s'était vu décerner en 2005 le prestigieux prix allemand... Ernst Lubitsch, pour son film Alles auf Zucker!
Mon führer est le dernier film du comédien Ulrich Mühe, décédé le 22 juillet 2007. Très remarqué dans La Vie des autres, il avait tourné entre autres sous la direction de Costa-Gavras ou de Michael Haneke. Dani Levy évoque son travail avec lui : "C'était un comédien exceptionnel, très calme et doux. J'avais besoin d'un acteur qui puisse émouvoir le public tout en étant convaincant en tant que héros de comédie. Il me fallait quelqu'un qui puisse jouer du comique de situation sans jamais oublier pour autant qu'il était un petit juif en danger de mort dans le QG des nazis. Or, avec Ulrich, on pouvait expérimenter toute la gamme du comique. De l'humour clandestin au jeu jargonnant, il contrôlait très bien ses moyens d'action".
Dani Levy est lui-même de descendance juive. La presse allemande a d'ailleurs été prompte à déclarer qu'il fallait un cinéaste juif pour se livrer à cet exercice délicat.
Ulrich Noethen incarne Heinrich Himmler, rôle qu'il avait déjà tenu auparavant dans La Chute, le film d'Oliver Hirschbiegel, qui traitait également du IIIème Reich, bien que sur un ton beaucoup moins léger.