J'ai eu la chance d'être au concert de James Brown à l'hippodrome de la porte de Pantin en 1981! Je vendais alors des boissons dans les concerts. Tout à coup, les bancs du chapiteau près de l'entrée ont été explosés par l'irruption de spectateurs qui n'avaient pu avoir de places, c'était ça le funk !! On peut souligner le talent de Chadwick Boseman, qui danse admirablement, incarne avec brio le personnage de James Brown. J'ai trouvé déplaisant les moments où le personnage s'adresse à nous, je n'aime pas se procédé cinématographique. En découvrant la vie de ce personnage si talentueux, on s'aperçoit que le concept de résilience peut tout à fait s'appliquer à lui. Comment survivre à l'abandon, à la maltraitance, comment se sortir du pétrin lorsqu'on est mal parti. La prison fonctionne comme maison d'arrêt pour lui, mais au lieu de basculer dans la délinquance, il rebondit. La mégalomanie de James Brown repose sans doute sur un narcissisme, qui a été quand même nourri d'amour. A l'instar de Brigitte Bardot, il peut prétendre n'avoir besoin de personne, se montrer odieux avec les autres, mais il a reçu tout de même de l'amour suffisamment bon pour avoir foi en l'existence et croire en lui même. D'ailleurs, au commencement, il n'a pas respiré, il était froid, s'est réchauffé et a poussé un cri, qu'il réitèrera maintes fois sur scène... Enfin, ça c'est ce que je me raconte! Il a eu un père, il a eu une mère, défaillants l'un comme l'autre, mais qui lui ont donné quand même de l'attention et de l'amour, même si brièvement, en tout cas suffisamment pour que James décide de se battre pour vivre, pour exister. Deux psys ont écrit un manuel de psychologie à l'usage des gens célèbres et de ceux qui veulent le devenir, ils l'ont baptisé "Succès damné". Le biopic de Tate Taylor m'a rappelé cette lecture. Le jeune James Brown, l'enfant débrouillard au regard non fuyant m'a ému, c'est de lui, que l'adulte qu'il devient plus tard tire sa force.