Et bien voilà, on y est, le premier biopic sur James Brown, dit Mister dynamite, dit The Godfather of Soul, dit The Funk ! Il faut dire qu'il le méritait ce biopic, Steve Jobs y a eu droit tout de même, alors pourquoi pas LUI ?! C'est justement ce que je me disais, qu'un film sur James Brown serait une putain d'idée, lorsque j'ai découvert la bande-annonce du film sur YouTube, il y a quelques semaines ! Et bien Mick Jagger l'a rendu possible ! Cependant, n'oublions pas que le "biopic" est le genre le plus casse-gueule du Cinéma, là où bon nombre de très grands se sont vautrés mais aussi où bon nombre d'encore plus grands se sont illustrés... Et après Charlie Parker avec "Bird", Tina Turner avec "Tina" et Ray Charles avec "Ray", c'est à une autre icône de la musique noire américaine d'être mis à l'honneur, à juste titre. Car James Brown n'a pas seulement inventé le funk, il a révolutionné la musique, il a bousculé le rythme, il a chamboulé le système et il a réussi l'exploit de marquer plus de quatres générations grâce à sa musique ! Ce mec exceptionnel n'a pas fait que des choses bien dans sa vie, disons-le clairement, mais alors qu'il a réussi à survivre étant mort-né, il était promu à un (très) bel avenir, il était destiné à se hisser au sommet ! Il aimait se surnommer et être surnommé "The Hardest Working Man in Show Business" qui signifie pour les non-bilingues "le travailleur le plus acharné du show business". Parce que plus qu'un show man, Brown était un "show businessman", loin d'être le pantin des producteurs invétérés, il n'était pas le "noir à faire du fric", il était souvent son propre tiroir-caisse, comme nous l'explique brillamment une scène du film. Film qui se nomme d'ailleurs "Get On Up" en rapport avec la célèbre chanson de J.B., et qui retrace avec virtuosité une partie du parcours sensationnel de cette figure internationale de la soul - ainsi que de la musique plus en général. Tate Taylor ("la couleur des sentiments") réalise un film rythmé, dansant, flamboyant, et qui fait la part belle à la musique. Des tubes comme "I Got You (I Feel Good)", "It's a Man's Man's Man's World", "Get Up (I Feel Like Being A) Sex Machine", "The Payback", "Please Please Please" et tant d'autres sont ainsi joués (en live ou en studio d'enregistrement) durant le film. Le fait que ce film soit très musical lui donne une légitimité supplémentaire, et surtout, permet aux spectateurs de ne jamais s'ennuyer. Le scénario est creusé et presque inventif. Car en réussissant à jongler habilement avec les périodes et les événements marquants de la vie du Funk, Tate Taylor ne tombe jamais dans le surplus d'informations ni dans l'inexactitude du cadre spatio-temporel. On sait tout le temps où on est et quand on est, à peu près. La mise en scène plutôt classique, n'est pas dénuée d'énergie, et maintient une fougue et un rythme permanent. Pas besoin de vous dire que la BO est ultra-cool je pense... Côté casting, on est dans la quasi-perfection, et c'est Chadwick Boseman, vu récemment dans le rôle de Jackie Robinson dans le film "42" (tiens, encore un biopic !), qui a la lourde tâche d'incarner le "parrain de la soul". Et autant dire qu'il est génial ! Au-delà de son talent certain, il ressemble énormément au vrai James Brown, et il a adopté un jeu et une attitude en parfait accord avec ce qu'était le personnage ! Et puis quand il reproduit les pas de danse, et les postures du chanteur, le réalisme est stupefiant ! Les reconstitutions sont impeccables, à la fois dans l'atmosphère des années 40, 50, 60, 70 et enfin 80 (on oubliera la dernière partie assez ridicule et fade dans les années 90...) parfaitement retranscrites que dans les concerts où on s'y croirait presque ! Seule la fin du film est fade donc, à cause d'abord des maquillages limites ridicules, et d'une espèce de subjectivité qui laisse un léger sentiment de malaise... L'intro aussi est un peu du même style... Juste la toute scène finale est d'une nostalgie profondément prenante et cela rehausse la qualité de l'épilogue. Mais reste que "Get On Up" décrit avec justesse, swing, humour et mélancolie cette partie de la vie de l'impétueux "Mister Dynamite", chanteur au grand cœur et à l'ego surdimensionné, James Brown, l'un des plus grands musiciens de tous les temps, The Godfather of Soul, forever... Get Up ~ Get On Up...