Philippe Garrel est l'un des derniers survivants de ce qu'on appelle le mouvement de la Nouvelle Vague. Aujourd'hui, c'est-à-dire le samedi 11 Octobre à 22h45, la Nouvelle Vague n'existe plus. Ce n'est pas moi qui vient de le décider, et loin de moi l'idée de me réjouir de cette absence, mais plutôt Garrel lui-même qui, en héritier, vient d'en signer la fin, avec son nouveau film, "La frontière de l'aube", esquisse bobo en N&B d'un art antique nommé 'Cinéma' . Il paraît que pour aimer, il faut lire Les Cahiers. Ou bien être photographe. Ou encore avoir vécu une histoire semblable. Avoir vécu Mai 68. Avoir hûmé le parfum d'antan d'un Paris charmeur. Ne lisant ni Les Cahiers et n'étant pas photographe, n'ayant pas eu la vie mouvementée par ce grand espoir soixantehuitard et le doux parfum donc, d'une ville polluée, je me retrouve dans le cas de détester "La frontière de l'aube". Et si, au cinéma, l'on devenait ce que l'on a jamais été? Et si, pendant ces 1h40 de cinéma d'un autre âge, j'étais devenu moi-même photographe, le dernier numéro des Cahiers en poche et une histoire d'amour impossible dans le coeur? Devrais-je aimer ce film? Définitivement, non, toujours pas. Qu'on le veuille ou non, mouvement stylistique ou pas, rébellion artistique ou pas, le cinéma ne répond pas à 36 façons pour être cohérent. C'est mon côté critique agacé, un peu bloqué, qui préfère peut-être le cinéma dit 'efficace' , avec les grands costumes et la dramaturgie comme une piste de ski à l'envers, mais peu importe. Ici, sous l'emprise d'une drogue à l'évidence très forte, Garrel a tourné tout ce que le cinéma français peut vomir dans la plus pure opposition au cinéma d'un Desplechin par exemple, et qu'il convient de préciser tout aussi vomitif, mais d'une autre manière. Encore Desplechin sait-il filmer, aussi peu imposante soit sa personnalité. Garrel père (oui, il y a un fils et il est acteur, à l'affiche d'un film intitulé "La frontière de l'aube", et dont on en reparlera plus tard), Garr