Ce film est en effet une valse. Valse avec Bashir, valse avec les personnages, mais valse avec la mémoire, la guerre et enfin valse avec le spectateur. Ou comment rendre l'horreur, le traumatisme, l'indicible, par une danse du réel, par une marche ennivrante à travers le rêve et la lente reconstitution du souvenir jusqu'au surgissement du réel dans sa brutalité, dans sa férocité et sa froide exposition. Voilà ce que nous fait parcourir ce film sur près d'une heure et demi, en nous bouleversant de la première image à la dernière. Des chiens aux yeux enflammés, crachant de haine et de désir de vengeance à cet atroce panorama d'images réelles sur fond de bruit sourd, le spectateur se trouve agrippé, empoigné de force, entraîné dans cette valse aux émotions, d'un bout de rêve à un bout de réalité, happé par ce spectacle hypnotique, qui ne prend fin que bien longtemps aprés le générique. Ari Folman trouve avec l'animation un moyen privilégié d'exprimer l'inexprimable, de faire éclore la vérité sans la trahir, de rendre poétique l'effroyable. Tout comme le cinéma est une illusion qui dit vrai, Valse avec bashir nous plonge dans une beauté irrélle (l'animation), pour nous confronter à une réalité inaccessible autrement. [...].bientôt, l'animation elle-même s'échappe, se dilue tout comme la musique, et la violence de l'image abrupte nous assaillit, tout à coup. Finie la fuite par le songe, finie l'illusion du langage, finie l'amnésie, c'est la mort qui est là, face à nous, qui défile et qui crie. Ces cadavres inutiles, ces humains piétinés, nous les voyons, nous impuissants, eux massacrés, résultats d'une guerre absurde qui n'a pas fini de durer. Un petit garçon est enfoui dans des décombres, la bouche ouverte. Il n'a pas compris. Cela se lit sur son visage. Il ne comprendra pas. Le langage est inutile quand la barbarie parle d'elle même. Lui ne parlera plus. Nous non plus. Le film non plus. (Voir l'intégralité de la critique sur http://cinema-critiques.blogs.allocine.fr/)