Avis : Valse avec Bachir - Page 6

Une oeuvre forte, dure, indispensable, sur l'un des épisodes les plus dramatiques de l'histoire récente du Proche-Orient. Les dessins sont d'une beauté sublime, parfaitement accompagnés par une voix-off qui apporte une plus-value incontestable au film, à l'image de "Persepolis", avec lequel on ne peut éviter la comparaison. Résolument plus dur, l'humour étant absent du récit, "Valse avec Bachir" est tout aussi violent dans la dénonciation politique, ici du rôle joué par l'armée israëlienne lors du massacre de Sabra et Chatilla. Brillant.

Ce film atypique nous propose deux niveaux de lecture. Il évoque bien sûr la situation tendue entre le Liban et Israel dans les années 80, celle des réfugiés Palestiniens, la complexité d'une guerre sans nom et le massacre de Sabra et Chatila. Mais ce film est avant tout un travail sur soi, le travail du réalisateur, Ari Folman, pour retrouver la mémoire. Et pour cela, il va partir à la rencontre d'hommes qui ont combattu au Liban en même temps que lui. Les premières images, celles du cauchemar d'un ami du narrateur qui va tout déclencher, sont saisissantes. On se redresse sur son siège en se disant qu'il se passe là quelque-chose de nouveau. L'animation est incroyable. Tour à tour riche, colorée, bicolore ou minimale, elle met à jour des sentiments insolites. Nous sommes en effet devant un film documentaire, ou plutôt une sorte d'autobiographie filmée, mais le choix d'en faire un film d'animation, de part sa stylisation, modifie notre perception. L'animation permet avant tout de montrer des images qui n'existent pas parce qu'elles n'ont pas été filmées. Ainsi, en mettant les faits en scène, le film les met en images pour la première fois. De même, tout le travail de mémoire et d'introspection auquel le réalisateur se consacre, est merveilleusement traduit par le procédé adopté. On en apprend davantage sur la manière dont la mémoire travaille dans une situation post-traumatique. La guerre envoie des jeunes hommes tirer sur des inconnus et se faire tirer dessus. Puis ils rentrent chez eux et se débrouillent pour vivre avec tout ça. Le véritable traumatisme du narrateur est lié au massacre de Sabra et Chatila. En fin de film, la mémoire revient, les nœuds se dénouent, les explications font surface. C'est aussi la fin du film qui marque les limites du procédé. Les images réelles nous frappent avec une telle violence qu'on se rend compte que l'animation nous a placés légèrement en retrait du récit. Un léger bémol, cependant, pour un film ambitieux et unique.

Un film magnifique et passionnant qui possède une construction assez complexe : un homme part à la recherche de son passé (il a participé à la guerre du Liban et n'en a quasiment aucun souvenir). Il va interroger plusieurs de ces amis de l'époque. Chacun de ces dialogues va donner naissance à un souvenir qui va permettre au personnage principal (en fait le réalisateur lui même) de reconstruire son passé refoulé. Le spectateur va donc assisster à une véritable psychanalyse.
Cette construction particulière donne lieu à des scènes d'une grande diversité : des simples interviews sur le mode du documentaire aux scènes oniriques et très symboliques, en passant par le burlesque.
La mise en scène tutoie la perfection. L'intelligence du cadrage et du découpage est remarquable, comme, par exemple, dans la scène de "valse" où l'horreur la plus absolue est obtenue et montrée par la beauté (une danse sur une valse de Chopin).
Et c'est l'utilisation du dessin qui a permis cela. Le film n'aurait pas eu le même intérêt si il avait été un pur documentaire ou si il avait été filmé en prise de vues réelles. Le dessin permet en outre de supporter plus facilement ce qui nous est montré et finalement accepter, lorsque toute la vérité a été faite, les véritables images d'archives, révélant les horreurs de la guerre.
Surtout, Valse avec Bachir pose la question de la responsabilité et de la culpabilité des différents protagonistes d'un conflit.

Cette volonté de tendre à l'anthologique fonctionne ici: valse avec Bachir est le nom de ce film d'animation mais évoque pour ceux l'ayant vu cette scène poétisée au cours de laquelle un soldat danse, évitant les balles avec grâce.

A la croisée entre le documentaire et l'auto fiction, Valse avec Bachir se joue des codes et des genres. Historique, il relate sans trop de voyeurisme ni de démagogie les massacres perpétrés au Liban avec l'approbation relative des autorités israëliennes; et se veut donc informatif. Mais il n'est pas que cela: au delà du langage du documentaire (recueil d'entretiens) se narre une trame frictionnelle, un fil conducteur dont l'enjeu est la réflexion sur la mémoire.

Ari Folman, le "je" comme épicentre. Avec une question d'une certaine gravité, presque psychanalytique: quel est le rapport de soi à sa mémoire. Enrôlé dans Tsahal à 19 ans, Folman n'a préservé de son passage dans l'armée qu'une scène étrange: un bain nu dans la mer. La mémoire est dynamique nous dit-on, le trauma peut causer l'oubli, le blocage ou la restitution déformée des faits. Réflexive, la mémoire doit être stimulée, entretenue par de multiples sources, au risque de sombrer dans la confusion et le subjectivisme absolue.

Une leçon qui prend son sens lorsque la représentation animée laisse place, sur la fin, aux vraies archives. Représenter sous les traits forcément cachotiers du dessin une oeuvre qui vise à la vérité, c'est déjà un pari. Réussi

Dans la catégorie des films d'animation historique, je crois que j'avais préféré Persepolis.

Un film pas comme les autres, un "ovni" même. Le trait de dessin est vraiment magnifique, l'animation d'une grande finesse. Ça nous change du film d'animation pour enfant. Je l'ai vu en arabe sous titré donc je ne pourrai parlé des voix française. Le film parle d'un sujet grave, la guerre en Algérie. Le film est réussis et prolongera la mémoire ...

Ce film d'animation , en plus d'être une véritable claque visuelle sur le plan esthétique par ses couleurs hallucinantes superbes et ses traits soignés , est une détonante dénonciation de la guerre par sa narration constructive et intelligente & sa violence exacerbée (métaphorique parfois comme la scène d'introduction). Les fragments douloureux de souvenirs de la guerre du Liban en font des scènes magistrales (La scène du verger ou celle de la découverte du ghetto détruit sont magnifiques)jusqu'au générique de fin qui laissera bouche bée.Servie par une excellente bande son & évenement majeur au Festival de Cannes 2008 , Valse avec Bachir compte parmis les films de dessins animés à retenir.

‘’Valse avec Bachir’’ réussit l’exploit de prendre le meilleur des qualités des différents genres qu’il croise à savoir le film de guerre, le documentaire et l’animation. Même s’il décrit des faits extrêmement circonstanciés, le propos d’Ari Folman touche à l’universalité de la condition humaine en temps de guerre. Et ce n'est pas joli-joli. A voir AB-SO-LU-MENT. Que demande le peuple ? ‘’Puisque tout le monde s’accorde sur les qualités de ce film, pourquoi n’a-t-il rien eu à Cannes ?’’ Mystère !

Film profond sur la guerre confrontant le liban et la Paléstine, "Valse avec Bachir" est un documentaire animé. Sous prétexte de se rappeler de faits qu'il a oublié, Ari Folman va ratrouver ses compatriotes lors de la guerre. S'ensuit alors des scènes assez dures avec les personnages interrogés. Tous les témoinages sont touchants, et on sent une certaine tristesse et incompréhension chez chacun des interviewé. Les dessins sont magnifiques, les personnages bougent d'une manière très fluide et les couleurs pêchent toujours vers le jaune et le noir. La musique aussi fait parti intégrente du film, sous un son rock. Les scènes les plus mémorables et marquantes sont sans aucun doute, quand Ari et sa troupe sorte de l'eau armés, quand on assiste au massacre du camp de réfugiés, enfin le dernier quart d'heure. A voir pour la vérité des actes.

Voilà un docu-animation très intéressant et très intelligent. L'image est magnifique, le montage est très soigné et les personnages sont très réussis. L'histoire semble un peu floue au départ mais on comprend ce qui se passe au fur et à mesure du film, qui semble d'ailleurs très court ( bien qu'il soit très lent )
Les longueurs sont très bien exploitées, le sens du film et sa profondeur le rendent touchant, très émouvant et pour ce qui est d'un film d'animation de ce genre, on est même bluffés de partager autant de haine et de compassion. " Valse avec Bachir " mêle humour noir, violence gratuite et une grande part d'amitié et de fraternité, qui choque et ravie le spectateur. On est sans cesse bousculés, et on entre facilement dans un cadre qui n'est bien évidemment loin de ce qu'on peut imaginer.

Un film qui marque déjà par le traitement du dessin animé que l'on a pu ou pas l'habitude de voir, on est entre réalité et fiction, on est dans une guerre tout en parlant de la guerre en générale. C'est au final très intéressant, très instructif.
La réalisation est bien faite, la musique est bien utilisé. Enormément de chose qui sont bien ensemble!

"Valse avec Bachir" est un film d'animation qui vaut le détour rien que par le fait que celui-ci aborde un sujet resté trop souvent dans l'iombre et donc la plupart du temps méconnu : les massacres de Sabra et Chatilah. Construit comme un puzzle sur des images souvent simples mais fortes et surtout chargées d'une lourde symbolique, le film s'appuie sur le point de vue d'anciens soldats Israëliens de manière plutôt originale car fragmentaire, onirique et personnelle, explorant la conscience et les souvenirs de chacun. Traumatisme et incompréhension ressortent de tout cela, où l'on voit avant tout plus de victimes que de coupables, des victimes prise dans le cercle vicieux de la guerre d'où elles ne peuvent s'échapper et perdent toute visibilité. De nombreuses images suggèrent la culpabilité(la meute de chiens),la nostalgie de cette pureté perdue (l'image récurrente des jeunes soldats nus sortant de l'eau comme au jour de leur naissance, puis qui s'habillent,nous rappelant le moment où l'homme ayant goûté au fruit défendu acquit de ce fait la connaissance, et conscient de sa nudité, s'habille),et ce besoin presque physique de retourner à la mère protectrice (cf la scène où après après avoir vomi, ce qui est la marque du dégoût physique et de la peur incontrôlable, presque enfantine, le personnage voit la figure de la Femme qui le prend et le ramène à l'eau, l'élément 1er).Jouant toujours sur les mêmes tons de couleur (entre le bleu de l'eau et l'or de l'horreur), ainsi que la simplicité des images vécues (celles d'adolescents perdus),le film en devient presque poétique, lors de cette fameuse valse où le corps, ne répondant plus de rien, se laisse glisser dans l'horreur avec une grâce émouvante. Restent quelques défauts et une image finale, véritable celle-ci mais pas nécessaire, qui nous tire brusquement de notre méditation pour nous ramener au J.T de TF1.Mais la force de ce long métrage réside avant tout dans cette rêverie qui nous dit : pourquoi la guerre déjà ?

"Valse avec Bachir" est un film qui sort complètement de l'ordinaire, en effet c'est un film d'animation destiné à un public adulte. "Valse avec Bachir" est l'autobiographie d'Ari Folman, du moins d'une partie de sa vie... lorsqu'il s'est retrouvé sur les champs de la guerre du Liban, évènement extrêmement médiatisé pendant les années 80. Bien qu'il s'agisse d'un film d'animation, ce long-métrage d'Ari Folman est bien plus complexe qu'il n'y paraît, abordant des sujets délicats comme la culpabilité pouvant ronger une personne, un film au caractère très psychologique. On trouve dans ce film un homme à la recherche de sa mémoire, qui revient progressivement, l'effet est le même chez le spectateur, tout s'éclaire au fur et à mesure. Il n'empêche que ce film reste tout de même destiné à un public assez averti connaissant quelques évènements sur la Guerre du Liban... Le titre qui peut paraître assez étrange au premier abord prend tout son sens lors d'une scène du film...

A l'instar d'ElDorado (par ailleurs pour moi une p'tite déception), j'attendais cette Valse de pied ferme, l'ayant hélas loupé au cinéma. Ce film d'animation "hyper cinématographique" possède tout un tas de qualité. C'est un film politique (civique), en même temps qu'un vrai film de cinéma, du divertissement avec des superbes scènes d'action et tout. Je ne saurais donc que trop vous le conseiller, s'agissant juste de l'une de mes PLUS belle expérience du moment. En bref : du grand grand art - on frôle le chef-d'œuvre !

Un film somptueux qui fait terriblement mal. C'est un tel déchirement pour le coeur que j'ignore si je le reverrai un jour.

La guerre du Liban du début des années 80 racontée de façon intimiste à travers le vécu de certains "survivants" qui, eux même, ont plus ou moins perdu la mémoire (par un processus de refoulement post-traumatique de l'horreur à laquelle ils ont assisté).
La première moitié de ce documentaire animé (concept révolutionnaire) ressemble avant tout à une fiction ancrée dans le réel. L'histoire d'un homme à la recherche de son passé perdu. Ce "ptich" de départ est prétexte au démarrage d'une quête existentielle qui, petit à petit, va rejoindre l'horrible réalité.

Car plus on avance, et plus le côté documentaire prend le dessus. La réalité a rejoint la fiction, jusqu'à totalement l'effacer dans les toutes dernières minutes qui font l'effet d'un coup de massue dans le bide.

Un film boulversant, très dur, mais néanmoins nécessaire. Il fera office de cours d'histoire à ceux qui connaissent pas ou peu cette page tragique de l'histoire de ce pays. Mais un cours d'histoire dénué de toute forme de prétention grâce à la vision intimiste qui est adoptée, ainsi que par le choix du dessin animé, permettant des élans de pur onirisme dans ce monde barbare et absurde . Sans ce procédé inventif, le film n'aurait pas toute sa force.
Le choix du dessin prend tout son sens dans les toutes dernières minutes du film, que je tairai. Comme je l'ai dit plus haut, celles ci font l'effet d'un coup de massue .

Pour tout vous dire, quand les lumières se sont rallumées, j'étais en larmes, cloué à mon siège, incapable de faire quoi que ce soit (comme toutes les autres personnes dans la salle).

A voir absolument.