Je pensais ce film comme un film pour bobos romantiques, un film qui ressemblerait à sa bande-annonce. Et bien, pas du tout.
Tout d'abord, il y a ce début dérangeant où le spectateur se retrouve projeté dans le Paris quotidien avec les Parisiens qui regardent la caméra et les couleurs ternes des petites rues sombres, entre quelques chansons inopportunes et des acteurs en plein sur jeu, je me suis perdu et ai commencé à croire les médisances sur Honoré et ses "bouses pour adolescents".
Et puis, il y a eu un déclic. Je me suis comme habitué à ces petites ritournelles, habitué à ce Louis Garrel au jeu si particulier, familiarisé avec cet environnement, au final, si bien filmé. Et j'ai commencé à aimer le film, petit à petit, chanson après chanson, grâce également au piment de la tragédie qui vient titiller cette histoire si réaliste et prévisible, sans doute.
Ce film, je pense, ne peut pas laisser indifférent : soit l'on passe à côté, soit l'on est frappé et sonné, presque désorienté. En effet, Honoré traite tellement de sujets, les entremêlant, les entrecoupant, les survolant (malheureusement) parfois, que le spectateur peut se trouver déconcerté par cette désinvolture et cette forme qui ne va pas avec le fond.
Au final, il ne faut pas se raccrocher à l'histoire qui est plutôt, il faut le dire, inintéressante car très prévisible. Il ne faut pas chercher le pourquoi du comment, la petite morale de fin. Il faut juste se contenter de regarder, les yeux grands ouverts, pour ne louper aucun détail car rien n'est laissé au hasard ; simplement se laisser bercer par le flot de la musique et des images.
Mention spéciale à Ludivine Sagnier, Louis Garrel et Grégoire Leprince-Ringuet qui jouent assez formidablement des rôles pas si évidents.
En résumé, ce film est d'une extrême banalité réaliste et ennuyante au niveau des thèmes abordés mais le traitement, de ces mêmes thèmes, novateur et la forme employée le rendent intéressant.