Malgré l'absence de mise en scène, on se laisse peu à peu happer par les témoignages (sans langue de bois !) des acteurs de l'époque. Le combat des « LIP », comme ils s'appellent eux-mêmes, fut non seulement une des luttes les plus emblématiques des années 70, avec le Larzac (autre sujet auquel s'est intéressé le réalisateur, Christian Rouaud, dans Tous au Larzac), mais il reste un modèle unique de (ré)appropriation de l'outil de travail par des ouvriers responsabilisés, et ce avec une ingéniosité et un culot qu'on aimerait bien voir aujourd’hui. Leur organisation était si efficace que Charles Piaget, personnage emblématique de la lutte s'il en est, raconte avec philosophie comment il a appris à ses dépens que « la réussite c'est de ne plus avoir besoin de leader »… Cette aventure fut aussi l'occasion pour les femmes de prendre la parole et de se révéler, à une époque où leurs collègues restaient majoritairement machistes. Tous les sujets sont abordés (dissensions internes notamment entre syndicats, difficultés de concilier la vie de famille et la vie militante…). On regrette quand même de ne pas avoir à la fin plus d'informations sur la liquidation de LIP, quelques années plus tard, et sur ce qu'il advint des ouvriers… Un film qui intéressera malgré tout les amateurs de films militants.
Bon, evidemment, le côté un peu "fauché" du documentaire peut rebuter. En plus, c'est un peu risqué de tout baser sur des interviews entrecoupées d'images d'époques.
Mais au fur et à mesure, cela devient de plus en plus interessant car on apprend des choses sur le comment, au lieu de toujours les mêmes discours théoriques.
On vit le truc de l'intérieur, on a l'impression d'actualité, et au final j'ai bien apprécié la manière de traiter le sujet, qui aurait pu faire "ancien combattant de 68".
Mais quand même, un peu plus de moyens aurait permis à ce film d'être ce qu'il méritait, grand public.
Je viens de voir ce documentaire sur Strasbourg. Rafraichissant, le film. Il est chargé d'émotions. C'est aussi un film partisan qui interroge le mouvement syndical, le politique… Une question clé de toute action associative, syndicale ou politique y est posée et y trouve une superbe réponse : comment concilier l'individuel (pas encarté, électron libre, qui a une vie de famille…) et le collectif (l'action qui n'est plus seulement associative ou syndicale, mais qui devient politique, au sens le plus noble)? A voir absolument pour vivre d'autres possibles...
2,5 étoiles = sympa sur le plan humain et historique mais pas plus intéressant pour un documenaire j'ai cependant appris pourquoi mon père, syndicaliste CFDT avait tant pris cette affaire au sérieux : une affaire de symbole, comme souvent le Monde marche ... à voir pour ceux qui souhaitent en savoir davantage sur l'Humanité
Bisontin d'adoption, ce film est incontournable même si sa sortie en salle dans la capitale comtoise passe quasiment inaperçue. Ce documentaire sous forme d'interviews des retraités du conflit social le plus marquant des années 70, est un retour en arrière sur les valeurs morales de la société française qui sont aujourd'hui délocalisées dans notre imagination. La lutte des classes a changé. La solidarité existait encore et l'argent roi dans la société de consommation n'avait pas encore entamé l'individualisme. Les politiques de cette période auraient beaucoup de mal à prononcer le même discours aujourd'hui. Ce film est à voir pour rompre avec les scénarios préparés à l'avance pour captiver lattention. Les acteurs du film sont les syndicalistes qui racontent spontanément leur lutte pour conserver les emplois. Le seul bémol est la mauvaise qualité des archives. Les images sont à peine visibles comme si on voulait les faire disparaître pour toujours.
Une bonne et nécessaire mise, remise à l'heure de ce feuilleton économique, social et financier qui a secoué la France durant les 70's et qui fut le prélude à l'ordre du tout fric pour le fric et rien d'autre qui nous pourrit depuis et toujours plus ! Joyce, le 6, faut voter quand même ! A voir, pour apprendre, comprendre et se souvenir. Au troisième top, il sera... trop tard ?
Essentiellement composé d'interviews en plan fixe, ce docu pêche par son classicisme. Sans doute que davantage d'images d'archives auraient rendu l'ensemble plus digeste. Mais l'ensemble reste assez passionnant, surtout grâce à l'histoire qu'il raconte. J'ai été un peu déçu que le film ne se cantonne qu'à la grande grève et n'aille pas au-delà de 1974, après l'éviction deClaude Neuschwander. Un simple carton nous indique que les salariés ont repris le contrôle de l'usine mais on ne sait pas dans quelles conditions..
Documentaire aussi passionnant qu'un thriller. Digne et humaniste, ce recueil de témoignages, engagé mais nuancé, est révélateur des conflits sociaux de la fin des 30 Glorieuses, tout en annonçant les mutations économiques et sociales contemporaines.
C'est le film non pas sur la lutte syndicale , mais sur la possibilité, l'utopie d'une nouvelle societe qu'aurait voulu Chaban. On y voit des gens qui parlent avec leurs tripes, sans tabou, et on rit souvent tellement ca vient du coeur. On voit aussi que le pouvoir politique a cassé cette entreprise qui se renaissait et merci à Chougarman d'avoir insiste sur l'evolution du marche de la montre à quartz et dont on ne parle absolument pas dans le film; Malgre tout, la salle etait au anges et mon voisin qui avait travaillé au ministere de l'industrie de l'époque etait sous le charme. Courrez y vite car 2 salles à paris, c'est pas beaucoup! Bravo!
Très bon film/documentaire sur une célèbre lutte ouvrière face au début du "capitalisme moderne" - le néolibéralisme . Un film qui doit servir d' avertissement pour l' avenir !
En tant que Dir.Cial de la période 1974-1976, j'allais voir ce film avec beaucoup de réserves. Eh bien, il est parfait, objectif, honnête, intelligent, correct. Une seule fausse note vers la fin : Lip a surtout été victime de l'arrivée de la montre à quartz qui a été un véritable tsunami pour l'industrie horlogère mondiale, suisses inclus au profit des japonais qui eux s'étaient préparés :Seiko, Citizen. Comme cela a coïncidé avec le choc pétrolier, la brave vieille maison Lip convalescente n'a pas pu résister ; les histoires entre C.Neuschwander (mon patron à l'époque grâce auquel j'ai vécu cette formidable aventure personnelle) et A.Riboud sont de l'anecdote pas indispensable à côté de ces vraies raisons. Allez-y, c'est superbe