C'est certainement le film qui aura fait le plus parler de lui cette année. Mad Max : Fury Road est le chef d’œuvre qu'on n'attendait pas. La seule suite que personne ne réclamait contrairement aux Jurassic Park et autre Star Wars. Mais ce pur shoot d'adrénaline à la réalisation frénétique, bourré d'inventivité et de moments tous plus iconiques les uns que les autres, a rapidement mis tout le monde d'accord. George Miller nous a offert un grand film. Mais pourquoi a t-il si bien marché et s'est-il autant démarqué de l'offre cinématographique actuelle ? Et bien à mon sens, la réussite de ce Mad Max : Fury Road tient en 3 points. 1/ Premièrement, la richesse de son univers. Le spectateur se retrouve en effet plongé dans un monde quasi-fantastique auquel il va croire profondément. Chaque image est fortement chargée en détails visuels et enrichie de couleurs fortement contrastées, mais ces détails ne sont jamais gratuits et restent totalement palpables et organiques. George Miller remet ici l'univers post-apocalyptique à l'honneur dans sa version la plus fantaisiste, mais le côté crasseux de tout ce qui est présenté à l'écran donne un sentiment de réalisme que l'on ne retrouve habituellement que dans des films à l'univers plus sérieux et sombre. 2/ Deuxièmement, la démarche de sa réalisation. Contrairement aux multiples suites que l'on a l'habitude de voir aujourd'hui, George Miller assume totalement le fait de réinventer sa propre saga, sans tomber dans la nostalgie et le fan service, et en nous proposant simplement le meilleur de ses 3 premiers films. Il évite ainsi la facilité, et n'emprunte au passé que ce qui va pouvoir être utile à sa narration (notamment pour les procédés visuels directement issus des années 80). En réactualisant un univers qu'il a participé en son temps à créer, et en récupérant ce qui faisait l'essence et le charme des films d'action des années 80 (cascades réelles, explosions plateaux en tout genre, action accélérée, zooms et dé-zooms à outrance...), il réalise le mariage parfait entre l'esthétique du passé et les problématiques du présent. De ce fait, malgré sa réalisation rétro, ce film reste résolument moderne, notamment dans sa manière de mettre à l'écran des personnages féminins forts qui se suffisent à eux-mêmes. 3/ Enfin, le choix d'une narration exclusivement visuelle. Car là où l'on voit que la réalisation de Miller est vraiment réussie, c'est que tout fonctionne toujours à merveille. Malgré tout ce qui se passe à l'écran, et le fait de débarquer dans cet univers de manière quasi-impromptue en plein cœur des hostilités, on arrive toujours à comprendre ce qui se passe, de quels enjeux il retourne, quelles sont les motivations des personnages, etc. L'action se suffit entièrement à elle-même, la compréhension se faisant par l'image, le cadrage et la mise en scène, en se passant d'explications et de dialogues. On retourne à ce qui faisait l'essence même du 7e art : faire comprendre et ressentir les choses par l'image. En cela, ce Mad Max nous offre une leçon de cinéma. Et plus encore, il constitue le nouvel étalon du film d'action post-apo, celui auquel toutes les prochaines productions se heurteront désormais à leur sortie, permettant on l'espère une élévation du niveau d'exigence des spectateurs comme des maisons de production. Un immanquable, déjà culte ! 18/20