(...) Par où commencer et surtout, que dire après avoir vu le film être autant décortiqué, effets par effets, plan par plan ? Déjà, visuellement, George Miller démontre qu'il est toujours un géant de la mise en scène. Son découpage est toujours aussi acéré, pointu et frénétique. Dès la première image, on y est, on est dans un "Mad Max" ! Ensuite, il y a le look et la photo du film. Les couleurs sont chaudes, puissantes, on ressent bien la beauté des paysages et surtout, Miller et ses équipes ont fait le choix de trancher avec le reste des films récents qui préféraient jouer avec une image désaturée. Le sable a un rendu quasi inédit, le ciel est d'une beauté renversante et surtout, il y a ces plans en nuit américaine, avec un rendu bleu métallique saisissant qui confine au sublime. Le désert est inondé de lumière tandis que le réalisateur nous sert des plans remplis de rage et de fureur, de sang et de sueur, avec toujours ce jeu sur la vitesse (accélération légère, frénésie, ralentis esthétiques) mais qui ne font jamais figure d'effets de style. Ça va vite, très vite, les plans s'enchaînent avec une fluidité extraordinaire et pourtant, le film n'est pas sur-découpé. (...) Autre exemple, la scène fabuleuse dans laquelle Furiosa s'éloigne du groupe après avoir appris la terrible vérité sur cet Eden tant espérée : trois plans, une musique déchirante en fond et les larmes montent. On ressent tout et pourtant, on a aucun gros plan, pas de larmes, pas de morve qui dégouline, pas de pathos. De l'émotion brute et des plans bien choisis. Un metteur en scène est à l'oeuvre. Et c'est beau. (...) La rythmique pourrait paraître épuisante et Miller n'hésite pas à balancer la scène de la tornade de sable, annoncée comme le climax du film, au bout de 30 minutes (une séquence par ailleurs sublime visuellement, avec des insertions de plans en noir et blanc et des éclairs de couleurs saisissants). Les véhicules se crashent à 100 à l'heure, les explosions dévastent tout, les cascadeurs osent des choses folles bref, c'est un spectacle total, jouissif et c'est filmé avec un savoir-faire qui confine au génie. Au niveau des acteurs, il y a match entre Tom Hardy et Charlize Theron. (...) Charlize Theron donne tout dans un rôle puissant et mythique, assurant ses cascades et déployant une belle palette de jeu, l'actrice étant de toute façon une des plus douées et charismatiques du monde hollywoodien. Il faut dire qu'un rôle féminin aussi fort dans un film d'action, il n'y en a pas cinq au monde pour assurer autant. Du côté de Max, on assiste même à une véritable renaissance, une redéfinition des fondements du personnage. Au lieu de jouer le fan service, Miller fait se crasher la mythique Ford Falcon de Max dès la première séquence et notre héros part même du statut de bête sauvage (il communique d'abord par grognements puis par monosyllabes avant de recommencer à faire des phrases qu'à partir du tiers du film) à celui d'humain que par à-coups. Il récupère son blouson certes (recomposé à partir de l'original) mais son mythique fusil à canon scié se révèle bien inefficace tandis que son caractère de leader est mis à mal. (...) C'est juste un film de 1h55 qui étale tout son pouvoir de fascination, son côté visionnaire est tout simplement renversant et on est porté de bout en bout par ce spectacle total, jouissif, d'une richesse thématique, visuelle et philosophique presque inépuisable. Surtout, il ressuscite un personnage mythique de la pop-culture, lui redonnant son lustre d'antan tout en le faisant entrer dans la modernité avec un savoir-faire indéniable La critique complète ici