Trois ans après un tournage semé d’embuches, le tant attendu Mad Max : Fury Road, quatrième opus de la franchise culte crée par le réalisateur australien George Miller, débarque enfin dans les salles obscures après une présentation hors-compétition au 68ème Festival de Cannes où il était l’un des films les plus attendus. Et donc désormais, la question que tout le monde se pose est bien évidemment que vaut ce quatrième volet de cette saga qui débuta en 1979 ? Pour faire simple, et on ne va pas y aller par quatre chemins, ce Mad Max : Fury Road est bel et bien cette grosse claque à vous décoller la mâchoire que l’on fantasmait tous devant les bandes-annonces. Avec ce film dément, George Miller modernise et réinvente un genre qu’il avait lui-même inventé, le film d’action post-apocalyptique, et prouve qu’à l’âge de 70 ans il en a encore sous le capot et confirme ainsi son statut de réalisateur visionnaire. Dans un monde désertique ravagé par la violence et la sauvagerie où toute civilisation a disparue, Max Rockatansky, homme brisé et hanté par un lourd passé, estime que le seul moyen de survivre est de rester seul. Cependant, après s’être fait enlevé et emprisonné dans une immense cité, il se retrouve embarqué dans la fuite d’un petit groupe qui parcourt la Désolation à bord d’un véhicule militaire piloté par l’Imperator Furiosa. Ensemble, ils fuient la Citadelle où sévit le terrible Immortan Joe qui s’est fait voler son bien le plus précieux et le plus irremplaçable. Enragé, le Seigneur de guerre envoie alors tous ses hommes traquer les rebelles impitoyablement afin qu’il récupère sa propriété. Trente années. Cela faisait trente ans que le légendaire Guerrier de la Route n’était pas réapparu sur les écrans de cinéma après le décevant troisième volet intitulé Mad Max au-delà du Dôme de Tonnerre sorti en 1985 qui avait enterré pour de bon la franchise motorisé. Et il faut dire que ce troisième film de la mythique saga post-apocalyptique de George Miller avait fâché un très grand nombre de cinéphiles et d’admirateurs des deux précédents épisodes, entrés dans l’Histoire du cinéma. Totalement à côté de la plaque en termes d’ambiance et de style, ce troisième Mad Max est encore aujourd’hui le film le plus mal aimé de cette franchise et avait donc conclu la trilogie de manière très décevante malgré un certain succès commercial. Depuis cet accident de parcours, plus aucune nouvelle de ce personnage emblématique du cinéma d’action et d’anticipation, comme s’il errait indéfiniment sur les routes sans jamais s’arrêter pour nous donner des nouvelles. Mais c’était sans compter de la volonté de George Miller de relancer et de réinterpréter sa saga avec Mad Max : Fury Road, quatrième opus de cette franchise, qui sort enfin en salle et permet donc à la fois au personnage de Max Rockatansky et à son créateur de revenir sur le devant de la scène de manière fort spectaculaire. L’année 2015 sera en effet marquée par le retour d’un ancien cinéma, tout droit venu des années 1980 et 1990, symbolisé par les retours de mythiques franchises de ces glorieuses années allant de Mad Max à Star Wars en passant par Terminator et même Mission : Impossible ou Jurassic Park. Et les hostilités s’ouvrent donc avec le retour de la franchise du Guerrier de la Route, un retour déjà mémorable et qui fut surtout acclamé par la critique après sa présentation au Festival de Cannes. Le nouveau film de George Miller est un succès critique juste impressionnant, qui a su conquérir à la fois la presse et les spectateurs. Il aurait été difficile d’imaginer un tel succès pour un film qui connut une si longue gestation, l’idée d’un quatrième Mad Max remonte à peu de temps après la sortie du troisième, et également un long tournage qui débuta en 2012 et qui nécessita une fois terminé de nouvelles prises de vues et des cascades supplémentaires, pour sortir finalement trois ans plus tard. Mais ce parcours chaotique et très long dans la création du film peut désormais être applaudit et justifié car Mad Max : Fury Road est tout simplement une véritable claque et du jamais vue dans l’univers du cinéma d’action et même dans le cinéma tout court. Après une campagne promotionnelle savamment menée avec des trailers tous plus déments les uns que les autres qui faisaient monter l’excitation comme jamais, le film se révèle être au final encore plus impressionnant, et heureusement, que ses bandes-annonces. Mad Max : Fury Road c’est très simple, il s’agit d’une longue course-poursuite étalée sur deux heures de film, le tout entrecoupé de quelques pauses pour laisser place aux dialogues et aux développements des personnages. Car dans ce film d’action pure il y a en effet très peu de dialogues et le langage cinématographique ne s’exprime en fait qu’aux travers des scènes d’action démesurées brillamment orchestrées par un George Miller qui revient au sommet de son art sans aucun doute après des films plus familiaux tels que Happy Feet. Si vous allez voir Mad Max : Fury Road en voulant voir un film d’action avec un vrai scénario complexe et original, et bien désolé mais ce film n’est pas totalement fait pour vous car il a entièrement été conçus comme une longue course-poursuite pleine de rage et de fureur dans le désert, un film quasi-muet qui se regarde comme une expérience cinématographique purement visuelle et sonore. Oui il y a un scénario mais celui-ci reste assez minimaliste tout en soulevant quand même des idées intéressantes comme la survie dans un monde sauvage, l’existence de plusieurs peuples gouvernés par des sortes de dictateurs, le retour à une ère primitive avec l’esclavage et où les femmes ne sont destinées qu’à donner la vie,… bref ce quatrième Mad Max est le plus aboutit, non pas dans son scénario, mais dans la représentation de l’univers post-apocalyptique développé depuis le second épisode sorti en 1982. Mad Max : Fury Road est en fait une bande-dessinée mise en image pour le cinéma, c’est un film punk et complètement barré avec des visions de pure folie destructrice et une ambiance visuelle à la fois délirante et dérangeante incarnée par le bad guy Immortan Joe, au look crade et badass, ainsi que par toute son armée infernale de War Boys qui sont totalement aliénés et dérangés. C’est sans doute le film d’action le plus furieux et enragé qu’on ait vu depuis très longtemps, un trip halluciné bourré d’images scotchantes toutes plus impressionnantes les unes que les autres, il y a quand même un War Boy qui joue de la guitare-électrique avec un lance flamme sur un camion uniquement destiné à balancer de la musique rock, c’est pour dire le degré de folie qui émane de ce film démentiel. Et là où l’on attendait au tournant ce quatrième Mad Max c’était pour ses scènes de courses-poursuites qui s’annonçaient comme du jamais vue. Et c’est bel et bien le cas, de quoi renvoyer au bac à sable la saga Fast & Furious. George Miller livre ici les scènes d’action les plus spectaculaires et inventives de l’année 2015 et même depuis très longtemps, enchaînant dans un montage ultra rapide et efficace des séquences de poursuites enragées et jouissives impossibles à arrêter, de quoi nous rendre totalement assommé et épuisé à la fin de la séance après ce choc cinématographique. La dernière poursuite, sans doute la meilleure de tout le film, est un condensé d’adrénaline et de jouissance juste inimaginable si on n’a pas vu le film, un morceau de bravoure déjà culte dans l’Histoire du film d’action, plein de tension, de violence, d’explosions et de tôles froissées. L’histoire du film ne se déroule donc pas seulement dans les scènes de dialogue mais surtout dans ses scènes d’action qui racontent à elles seules et donc visuellement cette course-poursuite effrénée plus que démentielle dans un immense désert. De plus le film s’accompagne d’une superbe bande-originale signée Tom Holkenborg et Junkie XL, parfaitement bruyante et assourdissante, qui achève de rendre l’ambiance de Mad Max : Fury Road complètement folle et démesurée. Et il faut dire que le film commence d’une manière fort brillante et très accrocheuse, rien que le logo Warner Bros customisé, les bruits de moteurs, les voix off donc celle de Max très grave et notre héros de dos, face à l’immense désert, montre toute la portée iconique et forte de ce film mais aussi l’incroyable renaissance de cette mythique franchise cinématographique, une claque je vous dit. George Miller est de retour c’est sûr, à l’âge de 70 ans, le réalisateur australien livre son film le plus impressionnant de sa filmographie mais réinvente et modernise surtout sa franchise car Mad Max : Fury Road est à la fois un film hommage à la trilogie originelle avec par exemple toutes les scènes d’action tournées en décors naturels et en prises de vue réelles, ce qui confère au film un sens du spectaculaire dément, mais c’est aussi un blockbuster contemporain comme on en a l’habitude de voir de nos jours mais qui possède un plus, une certaine aura de film d’auteur car George Miller étant à la fois à la réalisation, au scénario et à la production de son film. Mad Max : Fury Road est donc une œuvre unique car faisant renaître une franchise trente après son dernier film, la modernise et étend encore plus son ambiance et son style post-apocalyptique et réussit à nous prendre aux tripes avec seulement un langage visuel incarné par les formidables scènes d’action. Mais la grande nouveauté très plaisante de ce Mad Max 4 c’est la présence de personnages féminins. Car en effet on pouvait se demander comment le réalisateur allait réussir à faire exister des personnages féminins dans un film de bolides pilotés par des hommes. Et à la grande surprise, le long-métrage de George Miller est qualifié de féministe car donnant les rôles essentiels de l’intrigue à des actrices. Le personnage qui incarne le mieux cette représentation féministe du film c’est bien sûr celui de l’Imperator Furiosa dans lequel Charlize Theron, complètement métamorphosée avec crâne rasé et bras bionique, est parfaite et joue brillamment ce personnage de guerrière badass et forte. Finalement elle est autant le personnage principal que Max qui est pendant une bonne partie du film relégué au rang de second rôle avant qu’il ne devienne le héros mythique que nous connaissons depuis 1979. Et donc l’autre nouveauté et réussite du film c’est le fait d’avoir changé d’acteur principal pour mieux réinventer cette saga et l’emmener vers d’autres aventures. Et celui qui a eu la chance de remplacer l’inoubliable Mel Gibson et de donner son visage à ce héros badass et culte du cinéma n’est autre que l’excellent acteur britannique Tom Hardy qui succède ici parfaitement à Mel Gibson, tout en ne le faisant pas oublier, et réussit à s’imposer surtout physiquement dans ce film où il parle peu, à l’image du personnage, et ce qui permet de confirmer que Tom Hardy est véritablement le seul acteur qui pouvait reprendre le rôle tenu par Mel Gibson dans la trilogie originale. Grave, badass, charismatique et fort, la version Max Rockatansky par Tom Hardy est une des plus grandes réussites de ce film. Ensuite il faut dire que le reste du casting est très bon, Nicholas Hoult est totalement méconnaissable et complètement déjanté, Hugh Keays-Byrne est de retour dans la saga, celui qui interprétait Toecutter, le méchant du premier film, revient dans le rôle d’Immortan Joe, sans doute le meilleur méchant de la saga, et enfin il y a les présences de Rosie Huntington-Whiteley et de Zoë Kravitz qui jouent deux des femmes d’Immortan Joe qui apportent cette touche de féminité et d’humanité dans ce film ravagé par la sauvagerie et la violence. Bref, que dire de plus à part que Mad Max : Fury Road tient toutes ses promesses, qu’il est quasiment un chef-d’œuvre du genre, oui pas complètement car il faut avouer que même en étant fan du style, les vingt ou trente premières minutes sont assez déroutantes tant l’univers est spécial et déjanté avec ces personnages totalement tarés et dérangeants ce qui fait qu’il faut bien s’accrocher pour bien rentrer dans l’univers de George Miller. Ceci pourrait expliquer que certains n’arriverait pas à voir ce film tant il est unique et original même en reprenant un style déjà inventé dans les précédents volets de la saga. En tout cas même si ce n’est pas un chef-d’œuvre après le premier visionnage pour moi (pas encore en tout cas) c’est sans doute LE chef-d’œuvre de son réalisateur qui a mis tout son talent dans un film qui lui tenait très cœur pour ainsi repousser les limites du cinéma d’action et réinventer magnifiquement la franchise Mad Max. Véritable opéra plein de folie, de rage et de puissance, Mad Max : Fury Road constitue donc l’un des meilleurs blockbusters de l’année et figurera sans doute parmi les meilleurs films de l’année tout confondus c’est sûr. Ce film c’est l’uppercut que l’on attendait tous, une bombe dont l’explosion s’étend sur une durée de deux heures et qui ravage tout sur son passage dans amas de bruit et de fureur, ne laissant derrière lui que des cendres, de la poussière, des flammes, de la sueur, de la tôle froissée et des spectateurs sonnés. Oui, le phénomène Mad Max est bel et bien de retour. What a lovely day !!!!