Mad Max: Fury Road a un handicap. S'il a une suite, cette séquelle sera forcément décevante. Ce nouveau film de la saga Mad Max était en effet le blockbuster le plus attendu par les cinéphiles pour l'année 2015. Le grand retour de George Miller, 30 ans après Au-Delà du Dôme du Tonnerre, en faisait saliver plus d'un d'avance. Et pourtant, ça a été compliqué pour le réalisateur d'aboutir à ce quatrième film. Il fallait déjà se décider si oui ou non, ce film serait une suite directe ou un reboot. Au final, c'est un mixe des deux. Le film peut très bien être vu comme suivant les événements de la première trilogie des années 80 mais peut aussi être considéré comme une nouvelle vision de l'univers Mad Max. Comme l'a dit son réalisateur, tous les films ont été faits de manière à être indépendants, personne n'est obligé de voir les premiers long-métrages pour comprendre de quoi ça parle. Ce qui est une très bonne décision. Mais ce qui rendait la plupart des gens complètement gagas c'est avant tout les premiers trailers dévoilés sur le Net. Et il faut le reconnaître, c'était extrêmement impressionnant. Mais cela augmentait les probabilités que le film déçoive. À quand remonte le dernier film qui nous a tenu en haleine de la sorte rien qu'avec ses bandes-annonces jusqu'à sa sortie au cinéma? Ah oui. En 2012 avec Prometheus. Mad Max: Fury Road se devait donc d'être un grand film d'action et même la référence du cinéma d'action moderne tant l'attente était immense. Et incroyable, personne n'a été déçu! Des critiques élogieuses, des fans comblés, un public aux anges, ce quatrième volet a bel et bien offert tout ce qu'il avait promis. Et qu'en est-il de mon opinion personnelle. Et bien, j'ai été mois aussi aux anges pendant plus de deux heures. Je ne pensais pas que de nos jours, on pouvait encore faire un blockbuster pareil. Quand on voit les derniers gros succès aux box-office (Avengers: L'Ère d'Ultron et Fast and Furious 7), il y aura de quoi gueuler si ce Mad Max ne réalise pas d'excellentes recettes. Pour info et histoire de mettre les choses au point. Je tiens à dire que je n'ai vu que le premier (décevant) et le deuxième (excellent) Mad Max mais que je n'ai pas jugé utile de voir le troisième sa réputation étant mauvaise. Donc on y va! Premier choix à avoir fait du bruit et pas qu'un peu: Le remplacement de Mel Gibson par Tom Hardy. Mel Gibson, il est vrai, avait une sacrée classe dans les premiers films, il avait la prestance et l'allure du héros torturé, bref, il était parfait pour le rôle. Mais très honnêtement, Tom Hardy était juste le meilleur choix possible pour prendre la relève! Quand on qualifie un acteur de “bête”, je pense immédiatement à Tom Hardy. Il a prouvé avec Bronson, The Dark Knight Rises ou encore Warrior qu’il était un vrai monstre à l’écran. J’étais donc confiant pour ce remplacement et je n’ai pas été déçu. Le mec transpire de charisme à chaque instant. Il possède lui aussi une classe naturelle. Tout comme Mel Gibson, il laisse très peu afficher ses émotions à l’écran mais c’est totalement justifié par ses origines et encore plus par un aspect bien plus poussé dans ce quatrième Mad Max, il est fou. Dès les premières minutes, sa voix-off se fait entendre où il clame qu’il n’arrive pas à retirer les souvenirs de sa famille décédée de sa tête malgré tous ses efforts. Très bonne idée également de lui donner un temps d’apparition tout aussi important que Furiosa. Cette dernière, jouée par la géniale Charlize Theron, représente un aspect différent et assez amusant de ce que vendaient les slogans, rappelez-vous, « Seuls les fous survivent ». Furiosa est à ce titre l’exemple d’un être humain qui décide d’avoir un autre but que de survivre en ayant pour objectif
d’aller jusqu’à La Terre Verte, l’endroit où elle est née et où elle pourrait retrouver sa vie d’autrefois.
Elle renonce donc à la folie. C’est avec l’aide de Max qu’elle arrivera à aller jusqu’à cet endroit où ce dernier lui rappellera que « L’espoir rend fou ». Toutes les croyances du personnage sont, dès cette réplique, détruites amenant un sympathique point de vue sur la vraie morale que doivent suivre les personnages cet univers. Personne ne peut échapper à la folie dans un monde pareil, mais le but n’est pas de survivre, il est de vivre. Nicholas Hoult se révèle toujours aussi bon. L’acteur interprète cette fois une victime du système mis en place par Immortan Joe. Il est tout aussi fou que les autres membres de la Citadelle et est lui aussi corrompu par une vision religieuse infondée et insensée. C’est ironiquement lorsqu
’il se fera capturer par Max et le convoi et qu’il échouera lamentablement dans sa mission qu’il arrivera à voir plus clair dans ce qui l’entoure. Tout ce qui est fait sur son personnage, Nux, ne paraît jamais de trop. C’est même un faux méchant très intéressant par sa détermination dans un premier temps se transformant lentement en innocence révélant ainsi son vrai visage.
Immortan Joe, le véritable antagoniste du film, est joué par Hugh Keays-Byrne (qui interprétait déjà le méchant du premier Mad Max, je ne comprends pas très bien ce choix de casting mais pourquoi pas). Ce n’est évidemment pas le jeu de l’acteur qu’on pourra juger mais simplement sa présence qui se fait ressentir. Il est définitivement plus intimidant que le méchant du premier Mad Max, le tout avec un costume génial. Les 5 actrices jouant les « épouses » d’Immortan Joe sont traitées de la même manière et pas trop lourdement. Le film le sait très bien, ça ne sert à rien de perdre du temps pour les développe, elles partagent pratiquement toutes les mêmes idées et sont trop peu différentes pour qu’on s’attarde sur une d’entre elles en particulier. J’ai eu peur lors d’un moment qu’une romance naît entre l’une d’elles et Nux. Fort heureusement, Miller se contente de filmer quelques échanges qui n’amènent pas à de scène forcée. Ça ne fait que développer d’avantage Nux et montrer sa fragilité. Sa fragilité résumant d’ailleurs tout le système mis en place par Immortan Joe. Les personnages ne brillent pas par leur richesse ou leur développement, uniquement par leurs actes. C’est les voir perdus dans ce désert sans fin et voir comment ils raisonnent et s’adaptent qui les rend immédiatement intéressants. Et quand en plus, les acteurs s’investissent c’est encore mieux! La musique a été composée par Junkie XL décidément très à la mode ces derniers temps. Je ne saisis toujours pas pourquoi autant de gens adorent cette bande-originale. C’est très répétitif et même assez saoulant si on écoute tout sans les images. Dans le film, ça passe sans problème et ça aide à être encore plus pris dans l’action (Eh ! Ce film n’a aucun défaut rappelez-vous !) mais je ne suis pas sûr qu’on puisse appeler ça une bonne musique. Mais ça nous confirme une chose, la musique de Batman V Superman : L’Aube de la Justice va nous péter les oreilles. Et nous arrivons au point le plus important du film. Le point qui fait tout le film. Sa mise en scène. Quand on voit aujourd’hui que des réalisateurs comme Joss Whedon sont considérés par certains comme de bons metteurs en scène alors que leurs travaux sont terriblement plats, il n’y a pas à dire, voir ce Mad Max : Fury Road nous rassure quand à la capacité des réalisateurs d’innover en terme d’action et de réalisation! Tout est incroyable techniquement et visuellement dans ce film. C’est la première fois des années que pas à un seul moment je ne me suis dit « Ah ! On sent le numérique ici ! » Ça fait tellement du bien de voir un blockbuster qui ose réaliser ses séquences de combat pour de vrai. Les ajouts d’images de synthèses, comme l’ont précisé les acteurs et toute l’équipe, sont très rares et ça se sent. Ce qu’on voit, on le voit pour de vrai et donc on le vit. On est littéralement transcendé par ces espaces désertiques qui s’étendent à l’infini. On est bluffé par cette tempête de sable filmée d’abord en plan rapproché puis en plan large qui nous accroche à notre fauteuil. La photo est absolument magnifique, on alterne les scènes de jour avec une photo orangée marquée par les couleurs du Désert avec les scènes de nuit avec un teint bleuté. Et quand on mélange les deux comme lors de la scène où
Max et Furiosa mettent un peu de lumière dans le camion
, ça donne un résultat splendide. La 3D parlons-en également ! Depuis ma dernière expérience 3D avec La Planète des Singes : L’Affrontement, je me méfie un peu plus de l’utilisation de cette technologie. Mais c’était sans compter sur la générosité sans limite de George Miller qui, même avec une simple conversion, nous a servi un relief de toute beauté. Dès les plans du début où Max court en accéléré dans les couloirs de la Citadelle et où la caméra passe au-dessus d’Immortan Joe pour constater la profondeur immense le séparant du peuple, on comprend qu’on n’a pas affaire à une arnaque. La profondeur est d’un niveau constant durant tout le film n’en faisant jamais trop, pile-poil ce qu’il faut, et sachant nous envoyer des éléments au visage comme lors de l’explosion finale totalement gratuite mais c’est tellement jouissif de voir un volant et une guitare au ralenti foncer sur nous au ralenti. À savoir également que le relief n’assombrit pas l’image, même lors des séquences de nuit. L’univers visuel est juste dinguissime. C’est simple, c’est un Mad Max 2 en surévolué. La comparaison peut être faite quand on voit qu’on suite encore un camion citerne guidé par Max. Une référence sûrement pas involontaire. Tous les design sont plus riches, la Citadelle est gigantesque et possède ses propres symboles qu’on retrouvera jusque dans les costumes ou les véhicules. Le convoi dirigé par Immortan Joe est d’ailleurs totalement délirant. On retiendra, comme tout le monde, avant tout le guitariste qui ne s’arrête jamais de jouer même si sa vie est en jeu. J’imagine toujours à travers ce personnage la réaction de George Miller pour le rendre encore plus cool. « Une guitare? C’est démodé! Ma guitare à moi elle crache du feu!!!! ». Bref, c’est d’une créativité qui ne s’arrête jamais. On pourrait continuer à en parler pendant des heures. Bien évidemment, ces scènes d’action sublimes et omniprésentes ont laissé dire que le film n’a par la même occasion aucun scénario. À cela je vais répondre : Parce que les anciens Mad Max étaient sûrement plus recherchés peut-être? Le but de ces films n’est pas de créer des histoires complexes, uniquement de faire des films de survie. Suivre des personnages avec des idéologies différentes (en l’occurrence, Max et Furiosa), chercher à les comprendre et les encourager pour les voir rester en vie sur un territoire qui nous effraie autant qu’eux. Et cela est aidé par des répliques très discrètes mais tellement bien imaginées (
souvenez-vous de Nux demandant à Max ce qu’est un arbre, ça marque ce genre de moment, notre vision du personnage change, on est touché par cette réaction que alors que l’homme en question n’est pas conscient de l’horreur que dégage sa question
). Le tout n’évite évidemment pas des one-liners bien senties dignes d’un film de Schwarzy comme lorsque
Max revient le visage en sang et que Furiosa fait la remarque que ce n’est pas le sien.
C’est d’une badasserie folle, j’applaudirai si je pouvais. J’ai été très heureux de voir que George Miller n’a mis pratiquement aucune référence aux anciens films dans ce Mad Max.
On pourra noter l’apparition de quelques notes douces nous faisant rappeler la boîte à musique du deuxième film mais globalement, il n’y a que ça à retenir.
Et c’est très bien, ça nous prouve qu’on peut prendre ce Mad Max comme un film se suffisant aussi bien à lui-même que comme une suite avec quelques changements artistiques. Je pense avoir fait le tour. Vous l’avez donc compris je l’espère, Mad Max : Fury Road est LA claque que nous attentions. Je ne vois pas comment on pourra le surpasser ou même l’égaler dans les années à venir. On nous a promis un blockbuster bourrin et un bol d’air frais dans la vague des superproductions actuelles, la promesse a été tenue. Vous n’en verrez pas souvent des films comme celui-ci alors un bon conseil, allez le voir, faites parler de lui, il faut que ce film marche! Il faut que plus de gens voient ce long-métrage grandiose sur tous les points. Espérons qu’il sera un grand succès au box-office.