2,5/5 ? C’est ainsi que l’ensemble des spectateurs trouvent ce film d’Isabelle Mergault ? Moyen ? Hé bien… Certes c’est plus généreux que la presse (comme bien souvent), mais j’avoue ne pas trop comprendre, quoique si on fouille dans la profondeur du propos, je conçois que c’est assez superficiel. Mais bon, quand même ! Je veux bien que le sujet ne soit pas toujours facile à traiter, d’autant que le cinéma ainsi que la télévision s’en sont déjà chargés à maintes reprises, mais la réalisatrice a choisi d’en faire une comédie décomplexée et assumée. De mon point de vue, c’est ainsi qu’il faut voir ce long métrage, et pas autrement. D’ailleurs, on décèle une certaine délivrance jouissive dans le titre, encore que j’aurai bien vu un point d’exclamation en complément. Mais si le spectateur choisit de voir ce film de la même façon que moi, il pourra remarquer toute la science d’Isabelle Mergault : d’abord les bafouillages hilarants de Michèle Laroque, engluée dans ses mensonges jusqu’au cou, ensuite des répliques cousues main à l’attention de Jacques Gamblin pour faire de son personnage un homme qui sait parler aux femmes, et ensuite la lourdeur drolesque allouée à Tom Morton pour dépeindre un fils tellement attentionné qu’il en devient épouvantablement collant. Ensuite le jeu d’acteur fait le reste. Jacques Gamblin montre un beau panel de sentiments, capable de passer de la joie à la tristesse en une fraction de seconde, ce qui lui permet d’être attachant, avec en prime quelques répliques incisives qui lui donnent l’opportunité d’exprimer un humour corrosif. Toujours agréable à regarder, Michèle Laroque a su être capable d’être à la fois bourgeoise et gamine, tout en étant humaine, sentimentale, fragile, drôle et fatalement touchante. La rançon de l’amour fou, quoi. Quant à Tom Morton, il semble qu’il ait pris un malin plaisir à forcer les traits de son personnage quand on le voit s’occuper de sa mère, (pardon) de l’étouffer en étant sans arrêt sur son dos et en lui parlant comme si elle était une gamine âgée de seulement deux ans. Je sais, c’est forcé, c’est cliché, c’est tout ce que vous voulez, mais qu’est-ce que c’est drôle de voir quelqu’un d’aussi lourd ! D’autant qu’il s’est beaucoup appliqué en la matière par ses mimiques et son regard. Oui, très drôle car c’est en grande partie par lui que se crée tout le ridicule de la situation. A eux trois, ils forment donc les personnages les plus marquants de ce long métrage, quoiqu’on pourrait parler d’Eva Darlan en femme méfiante et austère, et de Valérie Mairesse en femme de ménage loin d’être dupe. Isabelle Mergault en a donc fait une comédie qui ne demande pas beaucoup à réfléchir. D’autant que la trame générale est pour ainsi dire assez prévisible, j’en conviens. Mais ainsi le spectateur peut se délecter des bons mots de la scénariste-réalisatrice. Alors que demander de plus, même si des allusions sont faites par rapport au qu’en dira-t-on, au jugement facile et gratuit (amené principalement par Eva Darlan), à l’approche de la maladie d’Alzheimer, aux difficiles choix entre les opportunités professionnelles et la vie de famille, à la remise en question sur la vie de couple (Michèle Laroque confrontée à une certaine forme de maltraitance exercée par les propos de Wladimir Yordanoff) et bien d’autres encore. De plus, le couple Gamblin-Laroque fonctionne à merveille et nous agrémente, ensemble ou séparés, de quelques scènes succulentes : le cri de la mouette, l’enterrement, l’incognito pas si incognito que ça… Pour résumer, sans être la comédie du siècle, elle est néanmoins bien agréable à regarder et visiblement je n’ai pas été le seul, puisque plus de deux millions de spectateurs sont allés le voir en salle.