Gallowwalker a été méchamment traité sur tous les sites que j’ai pu fréquenter, de sorte que j’avais quelques doutes à me lancer, d’autant que mes expériences de western teinté de fantastique, avec les échecs de Borrowers et de Jonah Hex ne m’enchanté pas vraiment. Je me suis lancé, et j’ai découvert un divertissement moyen certes, mais loin d’être aussi lourdement raté.
Au niveau des acteurs on trouve un Snipes un peu timoré peut-être. Surement est-ce l’accumulation de petits films sans grandes ambitions, qui, lorsqu’il lui faut nous ressortir un jeu plus solide et charismatique nous laisse un peu sur notre fin. Disons qu’il se débrouille correctement mais sans plus. Kévin Howarth nous joue un méchant avec efficacité. Il échappe au surjeu caricatural qui aurait pu accompagner son personnage, et c’est une bonne chose, d’autant que l’acteur ne manque pas d’un certain charisme et d’un charme morbide aux limites du vampirisme qui sied bien à son rôle. Riley Smith est un second couteau convenable, et il y a quelques personnages dans les seconds rôles assez piquants. Malgré tout dans l’ensemble on reste plus sur un casting DTV de luxe que sur un vrai casting de cinéma digne de ce nom.
Le scénario a de bonnes idées. C’est certain, mais globalement bien mal utilisées. En fait le métrage semble très hésitant quant à la posture à adopter. Sérieux ou second degré, détournement des codes du western classique ou gros délire déjanté à la Machete, Gallowwalker est toujours entre deux et il ne penche finalement jamais pleinement dans un sens ou dans l’autre, ce qui créait une drôle d’impression. En effet à une séquence ultra-violente totalement grand-guignolesque peut succéder un long moment de vide à la Sergio Leone, suivit d’un gros délire avec un type et sa peau de reptile puis d’un viol montré avec sérieux. En clair c’est un peu le micmac. Cela se ressent aussi dans une narration trop saccadée, qui a beaucoup trop recours aux flashbacks, et dans le rythme qui joue aux montagnes russes. Gallowwalker peut-être très prenant par moments, puis ensuite presque insipide. Dommage.
Visuellement Gallowwalker rattrape un peu le coup. Les décors naturels d’abord sont une franche réussite, offrant une ambiance très particulière au film. Une idée de bout du monde, voir même de monde hors du temps et de l’espace bien agréable. Même si la reconstitution d’époque est déjà plus pauvre et limitée, disons que sans être trop regardant cela n’est pas un problème. La photographie est aussi bien plaisante, et offre quelques scènes même très belles en jouant sur les couleurs, à l’image du premier duel de notre héros. La mise en scène est plaisante, le réalisateur toutefois tend à peiner à éviter les répétitions. Les duels sont un peu toujours les mêmes, et les fusillades par ailleurs manquent de cohérences parfois. C’est très sensible lors de l’assaut de la ferme. En revanche belle exploitation des décors naturels, et il y a un certain sens esthétique, avec de vraies recherches pour donner du style au métrage. Je n’ai pas craint du tout. Alors Gallowwalker gère aussi assez mal l’horreur visuelle. En fait elle sent souvent l’élément racoleur. Ainsi Snipes arrache des têtes avec la colonne vertébrale ! En gros elle n’est pas crédible, elle est souvent excessive, à la Machete un peu, sauf que le film n’ayant pas vraiment choisi son ton, justement cela fait assez tache au milieu d’un ensemble plus sérieux. Malgré tout les effets sont plutôt bien fait, mais le début reste la partie la plus sanglante. Quant à la musique, ce n’est pas qu’elle est mauvaise, mais comme il n’y a qu’un thème il est utilisé un peu n’importe comment. Tantôt il conviendra bien, tantôt il sera totalement décalé par rapport à ce qui se passe.
Au final Gallowwalker est un film moyen, qui ne manque pas d’une certaine allure, d’une atmosphère plaisante, mais qui déçoit vraiment par une histoire sans réel enjeu, par un rythme molasse, par un coté foutraque peu convaincant. Globalement ce film est meilleur que Jonah Hex, car il est déjà moins prétentieux et visuellement c’est plus soigné et raffiné, mais c’est vrai que l’ensemble aurait pu être, avec une réelle consistance, une excellente surprise. Passable donc.