Le Quai des Brumes et Hôtel du Nord m'ayans sacrément secoué il y'a quelques semaines, je n'en attendais donc pas moins de ce film-ci, Le Jour se Lève que beaucoup considère comme l'un des plus grands longs métrages du Cinéma Français, je le comprend.
Bien sur, il faut revenir sur le fonctionnement de ce film, qui pour l'époque est d'une véritable innovation, une audace qui perdure à ce jour. Cette conversation dans l'escalier sur la présence ou non d'une armoire dans la chambre de François, et de la manière dont la scène nous est dévoilée est remarquable de par son dialogue, une habitude lorsque l'on se familiarise à Carné et Prévert, mais aussi, surtout dans ce champ contre-champ astucieux et qui appuie sur le ridicule d'une situation pourtant tragique. Alors évidemment, toutes les séquences de bascule entre narration de l'instant et du flashback sont elles faramineuses et d'une lucidité qui fusionne aux maux de ce film, l'un des plus beaux de son cinéaste.
Le Jour se Lève est dur après séance, il l'est entrecoupé de douceur dans son visionnage, dans l'action et la réception de son dédale d'émotion. J'en reviens à son texte, comme déjà soulignée, une habitude de la confection du bon mot, de sa justesse non pas pour plaire ou déplaire mais bien pour visé juste. Les dialogues touches, l'interprétation des comédien.e.s n'y ajoutent qu'encore plus de délicatesse. Jean Gabin et Arletty sont de suite à émouvoir lors de leur rencontre. " On est de la même famille, puisque l'on a pas de famille. " Cela, prête à sourire, et pourtant ...
D'autres moments de ce genre sont captés au travers de cette histoire imprégnée par la condition, le sort, l'échec ! Françoise le dit, à sa façon, dans sa comparaison entre sa nouvelle rencontre et son compagnon de toujours, ce petit ours qui en a vue d'autres. " Il a un œil gai et l'autre qui est un peu triste. "
La scène qui les rassemble et que je " préfère " reste néanmoins lorsque allongés, il et elle se témoigne leurs sentiments, un instant d'une rare contorsion entre l'évidence et son autre pendant, sa fatalité. " J'ai eu les ennuis, les gros, les petits ... "
Arletty et Jean Gabin sont renversants, leurs partenaires à l'instar de Bernard Blier, Jules Berry et Jacqueline Laurent ont eux aussi des passages étroitement compliqués à sublimés, c'est chose faite. L'étonnante démonstration de mensonge de Valentin sur la personne de François, attendrit sans le montrer par la faconde de ce type, par son discours sur le " remord " qui n'est comme il le dit " Pas une blague mais une faute qui ronge ... " tiens d'une prouesse. Tout de suite confondu par des révélations non surprenante en fin de compte ! Oui, chacun est sa place dans ce récit étiré dont tous son concerné.
Le Jour se Lève est un film profondément inspiré par les vues de Marcel Carné à identifié et à caractérisé les causes, les trajectoires, à comprendre les personnages qu'il entrevoie et redessine, à sa juste hauteur, pleine d'humanité. Encore un long métrage bouillant de conscience et de poésie, une délivrance qui continue de suriné après coup.