"La piel que habito" est un millésime mal conservé.
C'est un film qui semble jouir de tout, sans nous faire jouir de rien.
En effet, lors de la séance, tout semble être parfait. D'abord, il y a ce scénario incroyable adapté du roman "Mygale" de Thierry Jonque. Et il y a une réalisation quasi parfaite, un jeu d'acteurs très bon, un rythme plutôt pas mal, et une bande son savoureuse. Et puis il y a aussi une belle lumière, de très bon cadrages, et un esthétisme parfait. En gros, il semble tout y avoir, pour que le film soit un chef d'oeuvre, et à la fin il n'y a plus qu'une addition de bonnes choses, et puis rien d'autre, aucune émotion ni frisson. Comme tous un tas d'ingrédients d'exception, qui manque d'un je ne sais quoi, sans doute d'assaisonnement, ou bien peut-être que tous s'annulent les uns les autres, où peut être que ça manque de piquant.
C'est donc inutile de tenter de décortiquer le pourquoi du comment, juste à noter qu'il y a une mouche morte dans l'assiette, la fin. On se crispe quant au choix d'un ultime fondu au noir, tandis qu'on rêve d'un cut, et on revient ainsi quelques pas en arrière, et on se dit que c'est encore un peu trop d'eau dans le vin, peut-être la goutte qui fait déborder le vase.
Quoi qu'il en soit, tout semblait bien, le millésime, l'année, l'odeur, le corps, et puis ça a le goût d'eau, et on en vient presque à regretter une piquette.