Attention, film exceptionnel ! Le 4ème long métrage du réalisateur turc Reha Erdem est un film à la fois poétique et fort. L'"action" se déroule dans un petit village turc, pas loin de la mer. Les paysages (magnifiques) font penser à la Corse. Reha Erdem nous raconte la vie des habitants de ce village : il y a les prières, la vie aux champs, les rapports souvent très brutaux entre les enfants et leurs parents. Omer et Yakup sont 2 copains. Omer hait son père, par ailleurs imam du village, qui lui préfère son petit frère et qu'il rêve de voir disparaître. Yakup est amoureux de l'institutrice : on ne peut pas lui donner tort ! Leur copine Yildiz est un peu l'esclave de sa mère. Sur cette trame apparemment minimaliste, Reha Erdem nous montre et nous raconte des tas de choses. Dans ce film tourné à l'automne, les paysages, les feuillages sont de toute beauté. Les jours s'égrenent, nuit, matin, après-midi, etc. Et, au milieu de tout cela, Reha Erdem nous montre, discrètement, que si les sociétés "plus évoluées" ont progressé sur des points extrêmement importants comme les droits des femmes ou le problème des enfants battus, il y a eu par ailleurs des "pertes" comme l'attention portée aux vieux ou la solidarité.
Et puis il y a la musique ! Une musique superbe qui vient de l'autre bout de l'Europe puisque composée par l'estonien Arvo Pärt. Au début, on peut la trouver très belle, certes, mais un peu envahissante. Très vite, toutefois, on s'aperçoit qu'elle intervient toujours dans des plans de "repos" pendant lesquels la caméra filme la beauté des lieux sans qu'il y ait d'"action". En fait, cela donne l'effet de (magnifiques) clips de "récupération", de respiration.
Celles et ceux qui ont apprécié les films de Nuri Bilge Ceylan comme "Uzak" et "Climats" seront forcément conquis par "Des temps et des vents". Les autres aussi, je l'espère !