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stebbins
501 abonnés
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1,5
Publiée le 21 janvier 2012
Ressenti proche de l'indifférence quasi intégrale pour ce film de Tarkovski duquel je n'attendais déjà pas grand-chose de prime abord... C'est vieillot, assez mal joué et très rébarbatif. En tous cas c'est la première fois qu'un film de Tarkovski m'apparaît comme pensé par le montage : Il n'y aura pas de départ aujourd'hui semble étrangement découpé, fragmenté, ce qui laisse l'impression d'une ébauche maladroite tout sauf centripète. Difficile alors de déceler le sceau artistique d'Andreï Tarkovski dans ce ( très ) moyen métrage évoquant la désertion d'un village à l'orée de la guerre : les futures thématiques du cinéaste sont plus absentes que jamais, et même quand il s'essaye à filmer la boue, les nuages de fumée et les espaces naturels en général cela reste très épisodique et très malhabile. On ne peut pas systématiquement reprocher à un auteur, quel qu'il soit, de ne pas livrer une oeuvre représentative ou typique à tous les coups ( surtout lorsqu'il s'agit d'un film d'études, ce qui est ici le cas ). Mais bon cet essai pompeux vaut juste pour l'anecdote, rien de plus. Dispensable.
Aleksandr Gordon le dit lui-même : Ce soir nous ne quitterons pas nos postes n'est rien d'autre qu'un petit téléfilm de propagande réalisé dans le but d'exhorter ses spectateurs soviétiques à un exemplaire dévouement, en espérant tirer parti de l'exemple de soldats chargés de débarrasser une ville russe d'une trentaine de missiles allemands datant de la seconde guerre mondiale. On l'aura compris, la Russie fera face à n'importe quel adversaire avec la même dignité, même si celui-ci est sans visage, pour la patrie et pour le bien du peuple. Au moins, rien n'est représenté avec trop de grossièreté ; les personnages ont peur, et restent avant tout humains, évitant de devenir des monstres de droiture. Puis la parole directe du gouvernement n'est pas omniprésente, et on représente souvent les choses de façon détournée. Cela évite à ce moyen-métrage de rejoindre les rangs des films de propagande les plus obtus qui soient, et on en compte un bon paquet. Malgré tout, on pourra s'étonner de voir Tarkovski (qui co-réalise) se plier ainsi à des exigences préformatées quand il s'est par la suite souvent pris le bec avec le gouvernement soviétique au sujet de sa liberté artistique et des contradictions qu'elle pouvait manifester avec l'image définie que voulait se donner l'URSS. En fait, Gordon et Tarkovski signent là un film d'étudiant purement destiné à l'acquisition du béaba technique dont a besoin tout réalisateur, et que le grand Andreï a si bien su transcender par la suite. En attendant, on peut sourire de la fierté avec laquelle les deux jeunes en devenir mettent en place des effets tout à fait courants, les appuyant avec un montage qui parait souvent immaîtrisé. Un film complètement dispensable, mal joué par ailleurs, même si par amour du cinéma et fascination pour ses légendes, il peut a priori receler d'un intérêt certain.
Ce court-métrage d'étudiant est la seule œuvre optimiste de Tarkovski : une terrible menace (trente tonnes de missiles) qui pesait sur la ville est enrayée par le courage de valeureux soldats. Mais en réalité, il y a bien moins de courage que de pression de la part des dirigeants soviétiques, même dans cette période de déstalinisation. L'ombre de la guerre est encore présente, on la sent dans la peur des habitants et les sueurs froides des soldats. La ville est abandonnée par ordre du conseil municipale, et se trouve désormais aux mains de démineurs qui ont pour mission de déterrer les armes pour les faire exploser loin de la ville. On trouve dans ce court-métrage les prémisses de la mise en scène typique de Tarkovski, la caméra observe les corps pour dépeindre la tension et l'effroi des personnages : mains qui tremblent, regards fugitifs, etc. On est certes loin de la puissance des longs-métrages qui vont lui succéder, avec leurs interrogations métaphysiques et leur méditations sur l'être humain, mais il n'empêche, malgré un aspect vieilli (pourtant Tarkovski avait un budget important), Il n'y aura pas de départ aujourd'hui est un jalon essentiel de la filmographie du grand cinéaste russe.
Deuxième film d'études d'Andrei Tarkovski qui s'inspire d'un incident réel dont il partage, comme pour "Les Assassins" sa première oeuvre, la réalisation avec Aleksandr Gordon. Alors les dialogues sont assez ampoulés ce qui est le gros point faible de ce moyen-métrage mais niveau technique (sauf un fond qui est visiblement une toile peinte représentant un extérieur derrière la table d'opération, comment ça je chipote...!!!) et direction d'acteurs on le sent déjà totalement à l'aise Tarkovski. Si le potentiel niveau suspense n'est pas assez exploité surtout pour ce qui est du parallèle entre le déplacement des missiles et l'opération chirurgicale, il y a quelques plans qui procurent une certaine tension comme la scène où un citoyen débarrasse un militaire d'une bombe près à exploser en courant pour la jeter au loin. On sent bien le futur très grand réalisateur qui se cherche.