Interrogeons-nous. Est-ce que selon vous, un néo-nazi repenti après un passage en prison peut changer de vie et par la même occasion sortir son jeune frère de cette spirale ? Quelque soit votre réponse, vous verrez sûrement les choses sous un autre angle après avoir admirer vu American History X et subit son florilège d’émotions.
Celui-ci fait partie de ces rares films du XXème siècle parvenus à aborder le racisme non seulement sans se faire allumer par le presse, mais aussi en accrochant le spectateur. Qui plus est, tout cela en peu de temps avec un long-métrage qui ne dépasse pas les deux heures. Retour sur le chef-d’œuvre qui fêtera ses 20 ans dans quelques mois.
A travers son œuvre, le réalisateur Tony Kaye retrace une relation entre deux frères par le biais d’un scénario très bien construit. Au cœur de Los Angeles, nous avons d’un côté Derek, un individu lambda aux idéologies néo-nazis, qui, croix gammée sur la poitrine, prône inlassablement la suprématie de la race blanche, résolu à noyer sa colère coûte que coûte. De l’autre, son petit frère Danny, un gosse paumé dans une famille américaine à la dérive, extasié par la détermination de son frère fanatique et bien décidé à suivre son exemple.
Par ailleurs, en plus du racisme le chef-d’œuvre aborde de multiples sujets tels que la famille ou encore l’éducation qui offrent aux spectateurs une multiplicité de points de vue concernant les questions raciales et leur donnent la possibilité de juger par eux-mêmes.
Là où ce drame policier devient particulièrement saisissant c’est tout d’abord par sa manière de traiter les questions de racisme et de haine. Ici il n’y a pas de c’est bien ou c’est mal, seul les individus sont jugés et non les mouvements, qu’ils soient pro-nazis ou anti-nazis.
C’est également très plaisant d’être confronté à un film qui présente les Hitlériens comme des personnes avec une pensée construite dotée d’arguments et non comme des bouchers sans cœur ni cerveau. Nous assistons ici à de vrais débats et échappons au classique « le racisme c’est nul ». Non, le racisme, c’est logique, qu’on l’accepte, ou non.
Ce qui fait également toute le caractère du film, c’est le jeu des acteurs. Commençons avec Edward Furlong qui joue le rôle de Danny. A seulement 20 ans le jeune acteur comédien parvint à se montrer très convaincant et nous prenons beaucoup de plaisir à le voir avec une arrogance notoire dans chacune des scènes où il apparaît. De plus, il serait indécent de ne pas mettre en évidence la prestation épique d’Edward Norton. A noter que ce dernier a subi un tournage particulièrement musclé et éprouvant puisqu’il a dû prendre pas moins de 14 kilos de muscles pour incarner le personnage de Derek au bord de la névrose. Efforts récompensés puisqu’il sera nominé l’année suivante pour l’Oscar du meilleur acteur. Edward Norton, magique, nous livre dans ce film l’une de ses prestations les plus solennelles (bien sûr avec celle de Fight Club).
Je relève aussi la performance hilarante de Guy Torry, l’interprète de Lamont, l’afro-américain avec lequel sympathisera Derek.
Qui dit film culte dit scène culte également. American History X n’échappe pas à la règle, loin de là. D’une part, nous avons des scènes terriblement violentes que les couleurs en noir et blanc rendent encore plus effroyables. D’autre part le long-métrage contient également des moments poignants, qui, en suscitant une profonde réflexion chez le spectateur le laissent bouche bée et sans voix.
C’est d’ailleurs dès le début que nous sommes mis dans l’ambiance avec une des scènes les plus glaciales du film qui se solde par le meurtre de plusieurs afro-américains.
Je regrette tout de même certains plans tournés au ralenti de manière totalement abusive qui se rapprochent plus d’un clip de R’n’B et sont tous sauf essentiels.
Enfin, du côté de la musique, nous ne sommes pas en reste avec une bande-originale très travaillée de la part de la compositrice Anne Hudley. D’autant plus qu’elle remplace parfaitement les scènes pesantes du long-métrage où la caméra mise davantage sur les silences et jeux de regards.
Tout compte fait, voilà comment nous pouvons résumer American History X. Un monument du cinéma qui laisse littéralement sans voix. Une œuvre moralisatrice, percutante et extrêmement bien ficelée. A un tel point qu’on a du mal à se remettre du dénouement. Un petit conseil pour la fin : les âmes sensibles abstenez-vous. Les autres, vous savez ce qu’il vous reste à faire…