Pour son premier film en tant que réalisateur, Tony Kaye, nous offre avec American History X un drame mémorable. L'histoire nous fait suivre deux frères, Derek, l'ainé, et son frère cadet Danny, vivant à Venice Beach, en Californie. Depuis le décès de son père pompier dans l'exercice de ses fonctions dans un ghetto de Los Angeles, Derek fréquente le mouvement skinhead néonazi. Cette haine de l'étranger va alors lui faire commettre l'irréparable, impactant sa vie et celle de sa famille. Ce scénario nous plonge pendant deux heures au cœur d'un récit prenant, aussi beau que brutal. En effet, les sujets traités sont forts, durs et tragiques, avec comme principal la haine racial et tout ce que ce ressentiment implique. Cela est abordé avec justesse et nuances, trouvant et expliquant les racines de cette haine aveuglante. Au-delà de cette thématique, l'intrigue parle également fortement de rédemption ainsi que d'influence et de lien fraternel. Tous ces éléments réunis donnent lieu à des scènes emplies de tentions, impactantes, bouleversantes, violentes et poignantes. L'ensemble est narré via le point de vue du plus jeune frère et raconté via des souvenirs qui, petit à petit, nous font découvrir le contexte. Tout cela est porté par des personnages aux idéologies faisant froid dans le dos, interprétés par deux acteurs principaux dont l'alchimie est parfaite entre Edward Norton et Edward Furlong. Ils sont entourés par une distribution comportant également Ethan Suplee, Fairuza Balk, Stacy Keach, Jennifer Lien, Guy Torry, Elliott Gould, Berverly D'Angelo, Jason Bose Smith ou encore Avery Brooks dont le rôle d'enseignant médiateur tient une place importante. Tous ces individus entretiennent des relations frontales, pleine de rage envers les autres et d'amour dominant envers les siens. Ces échanges procurent de nombreuses et fortes émotions, souvent tragiques, mais parvenant également parfois à arracher quelques sourires bienvenues dans cette ambiance pesante. Surtout, ils sont soutenus par des dialogues d'une immense sincérité et par des mots d'une extrême animosité, notamment quand ils proviennent des diatribes enflammés de Derek. Si le fond atteint parfaitement sa cible, la forme est elle un peu plus perfectible. En effet, la réalisation en plans serrés de Tony Kaye n'est pas forcément la plus esthétique qui soit. Mais cette mise en scène proche de ses protagonistes a le mérite de nous faire ressentir les émotions qui traversent ces derniers. Et puis, elle nous gratifie tout de même de plans absolument marquants et de scènes chocs. De plus, afin de ne pas nous perdre dans la chronologie des faits, une séparation judicieuse est faite entre des images en couleur et d'autres en noir et blanc, rendant certains passages encore plus impactant via ce procédé esthétique. Ce visuel aux deux facettes est accompagné par une b.o. collant à merveille avec les situations. Les compositions signées Anne Dudley se veulent à la fois puissantes et douces, dans le dessein de renforcer encore plus cette atmosphère débordant de colère. Cette confrontation ethnique s'achève sur une fin émouvante, aussi déchirante que cruelle, venant mettre un terme à American History X, qui, en conclusion, est une œuvre nécessaire, un très grand film devant à tout prix être visionné.