Tout simplement l'un des meilleurs films que j'ai vu cette année. Choquant, bouleversant, profond. C'est le premier long-métrage de ce réalisateur, Tony Kaye, qui est quasiment inconnu dans le monde du cinéma, et quelle réussite ! Voyons, où commencer ? Alors déjà, je me demande si j'ai déjà vu passer 2h de film aussi vite. Toutes ces images, tous ces dialogues sont tellement forts que j'ai été "hypnotisé" pendant les trois premiers quarts du film. Comment dire ? Edward Norton est hallucinant, déjà. C'est très très impressionnant de voir à quel point il donne de la crédibilité à son personnage. Il interprète ce skinhead néonazi avec tant de force et de talent que je n'en reviens toujours pas. Le personnage de Derek est imposant, terrifiant, révoltant. Voir cet homme débiter toute ces insultes, toutes ces conneries pendant la majeure partie du film, ça fait un choc. On a typiquement affaire au gros raciste de base qui ne sait pas exactement de quoi il parle, et qui forge toute sa pensée sur un traumatisme d'adolescent et des théories de groupuscules d'extrême-droite. Et il y croit à fond, il est persuadé de détenir la vérité suprême. Ce qui m'a beaucoup refroidi, c'est de penser que de telles personnes existent réellement (et bien sûr, pas seulement aux USA, puisque ce genre de clans existe en France). Des xénophobes primaires qu'on ne peut absolument pas raisonner, quoiqu'on puisse dire. Ce principe est puissamment montré dans ce film, notamment lors de la scène où Derek s'énerve chez lui, à table, et que ça dégénère. Une scène assez choquante, face à laquelle on ne sait pas comment réagir. Dans ce film, la violence est très présente, mais elle n'est pas gratuite. C'est surtout à de la violence morale qu'on a affaire, notamment lorsque Derek abat deux noirs dans un élan de haine, torse nu, avec une grosse croix gammée tatouée sur le buste et les yeux pétillants de folie. Quand on pense que ce genre de personnes court les rues, il y a de quoi avoir peur et se poser des questions sur leur état mental. De plus, ce film ne dénonce pas vraiment le racisme (mais bien sûr, il ne le prône pas !). Disons simplement que ce n'est pas un film contre le racisme, mais sur le racisme. On assiste à l'évolution de ce personnage qu'on déteste profondément, mais qui va commencer par trouver la voie de la rédemption. La fin du film est assez étrange car la profondeur du personnage est vraiment poussée jusqu'au bout, et on en arrive à le plaindre alors qu'on l'a haï pendant presque deux heures. Le film est basé sur un système de flashbacks, tous en noir et blanc (tiens, tiens), ce qui donne au film quelque chose de plus. Ce principe est vraiment intéressant, car il nous permet d'essayer de comprendre le personnage de Derek jusqu'au bout, des origines de sa haine vers sa prise de conscience, en passant par tous ses actes et discours odieux. Ce sont vraiment les paroles qui frappent dans ce film, plus que les gestes. Des dialogues pétrifiants. Certains diront que le film accumule les clichés, car il associe tous les racistes à des admirateurs sanguinaires de Adolf Hitler. Mais ce n'est pas le cas, car si le film traite en effet du racisme, il se concentre surtout sur les racistes les plus violents, les plus haineux et les plus dangereux, ceux justement qui adulent le nazisme et font l'apologie de la race supérieure. Le racisme existe à différents niveaux, et le film montre simplement le plus extrême. C'est pour ceci que moralement, c'est frappant et ça calme. Un film brutal, mais qui prend soin de ne pas donner de leçons (à part la toute fin, regrettable par sa nian-nianterie), en montrant simplement l'histoire de cet homme dans la spirale de la violence et du fanatisme racial. En plus du noir et blanc, le réalisateur, qui est également le directeur de la photographie, nous offre des plans incroyables. Avec des ralentis captivants, des gros plans qui font froid dans le dos, il nous scotche totalement, l'esthétisme atteignant des sommets. Grâce à ceci, il parvient à capter chaque regard de l'acteur qui fait un boulot monstre. Et ce qui est fort, c'est d'avoir présenté ce personnage principal comme un leader néo-nazi aux idées bien arrêtées, et pas comme un jeune naïf influencé par une masse ultra-convaincante. Mais Edward Norton n'est pas seulement imposant et frappant, il est aussi bouleversant et poignant. Le deuxième acteur principal du film est un autre Edward, il s'agit d'Edward Furlong, éblouissant de talent. A 20 ans, je suis de plus en plus surpris par le jeu cet acteur (souvenez-vous, le fils Connor de Terminator 2) au fur à mesure que je le découvre. Il joue donc le rôle de Danny, le jeune frère de Derek, qui va se laisser embrigader par les absurdités de son frère, son modèle. Bref j'ai vraiment vu quelque chose de très fort ce soir, et je vous le conseille vivement si vous ne l'avez jamais vu, car il vaut le détour. J'en viens même à me demander pourquoi je ne l'ai pas vu avant (comme toujours avec les chefs d'oeuvre).