Jusqu'où notre conscience pose t-elle les limites de ce qui est acceptable ou pas ? C'est la question que pose No Limit. A moins qu'il ne s'agisse simplement de la "promotion" de la torture... Difficile de se faire une idée définitive après la vision de ce film de Gregor Jordan, avec Samuel n et Carrie-Anne Moss. Un terroriste se fait arrêter, il prétend avoir posé trois bombes nucléaires sur le territoire américain... Comment le faire parler, comment stopper la menace qui, si elle est avérée, va tuer des millions d'américains ? Pour aller plus vite, "on" décide de faire intervenir H, un "spécialiste" des interrogatoires extrêmes. Qui n'hésite pas à se salir du sang de ses "victimes"... Alternant les pressions, physiques et psychologiques, il va tenter de faire parler ce terroriste. Mais qui mène le jeu ? Qui est le plus faible ? La thèse est compliquée... Bien assis dans notre salon, les avis seront tranchés, certains penseront qu'il faut aller jusqu'au bout, même vers l’innommable, d'autres penseront que l'on ne peut pas faire cela, que notre conscience ne doit pas se mettre au niveau de la terreur, quitte à en payer le prix de l'innocence... No Limit tend à prouver que torturer un homme n'a finalement pas de résultants probants, c'est la représentation (féminine, forcément) qu'endosse l'agent Helen Brody du FBI et qui suit, malgré elle, ce face à face terrible. Mais quand le doute l'étreint elle aussi, que le temps presse et que ses valeurs vacillent, elle-même risque de céder au "jusqu'auboutisme"...
No Limit rappelle une expérience célèbre, celle de Milgram. Quel est le degré d'obéissance d'un individu ? Encore plus quand cette autorité supérieure prend à sa charge le conflit moral que notre conscience va développer. Faut-il vivre avec le poids allégé partiellement par un ordre qui nous demande le pire, mais tente de le justifier (et la vie d'innocents n'est-elle pas à même de justifier tous les actes ?) ; ou mourir en restant "innocent" mais n'est-ce pas hypocrite ?... Le film n'apporte pas de réponse, parce qu'il n'y en a pas dans la réalité. Ce n'est plus le duel entre un terroriste et son bourreau, mais un conflit interne à chacun : que suis-je prêt à faire, que suis-je prêt à accepter ? Malheureusement, et ce n'est pas qu'un détail conté par la femme de H au détour du film, l'Homme est un loup pour l'Homme... Les meurtres d'enfants, comme en ce moment dans la bande de Gaza, ne posent finalement que peu de questions morales à la grande majorité des êtres "humains"... Un film qui fait réfléchir, avec quelques facilités, mais qui pose de vraies questions.