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MaxPierrette
175 abonnés
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4,0
Publiée le 18 avril 2007
Ceux qui considèrent que le cinéma italien est mort se trompent lourdement. Idem pour ceux qui pensent que le film choral nest la spécialité que des États-Unis (Short Cuts, Magnolia, Babel ) ou dAlain Resnais (On connaît la chanson, Pas sur la bouche, ou le récent Curs). Car, avec A Casa Nostra, Francesca Comencini (fille du cinéaste Luigi Comencini, récemment décédé) tisse un drame choral brillant au cur de Milan. Devant sa caméra, ce ne sont pas moins de neuf personnages qui se rencontrent, saffrontent et entremêlent leur destin : un banquier vivant de trafics illicites ; le capitaine de police enquêtant sur lui ; une jeune top-modèle ; un employé de supermarché ; un couple de retraités ; un ex-détenu ; une infirmière ; et une prostituée. Des hommes et des femmes marginaux ou ordinaires, avec leurs qualités et leurs défauts, liés par largent qui circule dune histoire à lautre. Contrairement à la France, qui a pris des thèmes similaires comme points de départ de toute une série de comédies (dont Prête-moi ta main ou Le Prix à payer), Francesca Comencini opte pour la gravité (visible à travers la froideur de la photo des scènes dextérieur). Et, sans jamais tomber dans le misérabilisme ou lexcès, elle ausculte les vices de la société italienne avec beaucoup de réalisme et une pertinence qui sest soldée par une montée au créneau du maire milanais, désireux de prouver que sa ville navait rien à voir avec celle montrée dans le film. Le genre de polémique qui, justement, ne fait quaccroître la valeur du long métrage manquant quelques fois de fluidité (certains hasards sont un peu gros) ou déquilibre entre les personnages (lhistoire de linfirmière est peut-être de trop), mais porté par des acteurs tous justes. Parmi eux, on retiendra surtout la révélation Laura Chiatti, dont la beauté illumine chacune de ses scènes, dans ce drame brillant, dur et nerveux, filmé au plus près de personnages. À découvrir.
Ces dernières années, la mode est aux histoires imbriquées ; "Trois Enterrements", "Collision" ou "Babel" en sont les derniers exemples. Là où Gonzales Inarritu choisit de jouer sur le décalage dans le temps et l'espace, Francesca Comencini opte pour le déroulement chronologique et l'unité de lieu, dans un Milan qui nous est montré sous tous ses aspects, depuis les salons cossus et les boutiques de luxe jusqu'aux HLM et aux entrepôts périphériques.
Le principe narratif trouve ses limites dans la scène finale sur le parking de l'hôpital, où tous les protagonistes se retrouvent par un effet du hasard scénaristique bien peu crédible. En effet la faiblesse du film réside dans son scénario, plein de clichés et de personnages caricaturaux, dignes de "L'Instit" ou de "Joséphine Ange Gardien" : mafioso (russe, bien sûr), prostituée au grand coeur, brave père de famille dévoyé par l'argent facile : pas étonnant que Francesca Comencini fasse appel à Guiseppe Verdi, et particulièrement à La Traviata pour l'illustration musicale.
Le témoin que se passe tous ces relayeurs, c'est l'argent, sous toutes ses formes, pour tout acheter : l'exemplaire de Verdi de Vingt ans après, le silence d'un sous-fifre, même un bébé. Francesca Commencini a expliqué : "La question de départ (...) est : "quelle est la valeur de la vie dans un monde où le profit est l'unique moteur ?" (...) Cette question est nécessaire et inévitable car aujourd'hui comme jamais dans l'histoire des hommes, la pure et simple recherche du gain n'a été autant le moteur des actions humaines. Je trouve que c'est une situation qui fait peur, il est important d'y faire face. Je ne souhaite, ni à nous ni à nos enfants, de se retrouver dans un monde pareil."
L'intention est sympathique, renforcée par le choix de la ville de Berlusconi comme toile de fond, et parfois la réalisatrice touche juste. Mais souvent cela paraît assez superficiel. La faute peut-être au rythme du montage qui en tronçonnant l'action à l'excès ne lui laisse pas le temps de s'installer ; à moins que ce ne soit un effet pervers de la superbe photographie de Luca Bigazzi, le directeur de la photo de Giani Amelo et de Michele Placido ("Romanzo Criminale") dont la froideur des teintes renvoie trop à la sécheresse du traitement de l'histoire.
Francesca Comencini a abordé de nombreux sujets sur la société italienne contemporaine au travers de documentaires ; étonnamment, c'est un abus de construction fictionnelle qui brouille son propos, et qui empêche "A Casa Nostra" de figurer dans les réussites d'un cinéma transalpin en plein renouveau.
La fille du grand Luigi tourne peu. Essentiellement des documentaires. Et il y a incontestablement dans A Casa Nostra un aspect documentaire. A travers les parcours croisés d'une dizaine de personnages, elle dresse un constat implacable de ce qu'est devenue l'Italie : un pays où la corruption fait loi, où l'argent domine tous les échanges. On a parfois du mal à suivre toutes ces histoires (surtout au début où chaque séquence nous présente de nouveaux personnages, de nouvelles situations) et l'imbrication de ces destins individuels a un côté naturellement factice (mais nous sommes au cinéma, non ?) mais l'ensemble dégage une certaine force.
Pas parfait, mais réussi. Le film est assez touffu: de nombreuses histoires individuelles sans lien apparent les unes avec les autres et qui mettent du temps à composer un ensemble cohérent. On s’interroge aussi longtemps sur les intentions de la réalisatrice. Une fois qu’on a compris qu’il ne s’agit pas de faire un film policier, mais, comme le titre l’indique, de présenter l’Italie et ses embrouilles politico-mafieuses sous l’angle d’une grande histoire de famille, les choses s’éclairent. L’enjeu passe ainsi de l’argent et du pouvoir à la quête de l’enfant. Drôlement bonne idée, qui a l’avantage de nous faire sortir des clichés et de présenter chaque personnage sous un angle plus humain. Le film devient alors une galerie de portraits souvent touchants, servis par les belles compositions des comédiens: Ugo le parrain miné par le décès de son jeune fils (Luca Zingaretti), Otello l’ancien taulard (Giuseppe Battiston) et sa prostituée yougoslave, le couple Teco Celio – Teresa Giuditta Acerbis, Valeria Golino évidemment. De très beaux plans de Milan. Toutes ces trajectoires personnelles convergent vers une séquence finale remarquable, seul moment du film où pour quelques secondes tous les personnages sont réunis en un même lieu et où le jeu des regards fait tomber les masques et aiguille chacun vers son avenir. Un très beau moment de cinéma... qui donnerait presque envie de voir une suite à "A casa nostra" !
Un an après Romanzo criminale, voilà un autre film sur l'Italie, actuelle cette fois-ci. Le film-chorale, produit typiquement américain, fonctionne ici très bien autour de neuf personnages qui vont se croiser. Plusieurs petites histoires forment une même histoire et un constat froid et sans concession sur l'Italie d'aujourd'hui. Et chacune de ces petites histoires est pleine de désespoir, de mélancolie et d'émotion où chacun est en quête de quelque chose : l'argent, l'amour, l'enfant, le pouvoir, la justice. Si l'argent est bien le thème principal du film, ce n'est qu'un moyen pour chacun d'obtenir une vie meilleure, chacun à leur niveau et selon leur milieu. Milan, personnage à part entière est magnifiquement filmé par Francesca Comencini, l'image est très belle et met la ville et les personnages très en valeur. Cela contraste fortement avec le propos âpre et froid. La trajectoire de tous les personnages est très intéressante à suivre mais celles qui m'ont le plus touchées sont ceux de l'ex-taulard et de la prostituée ukrainienne et celui du capitaine de police de la brigade financière jouée par Valeria Golino. Comme d'habitude elle est magnifique. Très belle carrière internationale pour cette actrice italienne aussi à l'aise dans son propre pays (Respiro...) qu'en France (36 quai des orfèvres, Ma place au soleil...) ou aux USA (Hot shot, Ce que je sais d'elle d'un simple regard...). Bref un film brillant et intelligent, magnifiquement interprété, froid, cruel, mais aussi plein de tendresse et d'émotion et quelque part plein d'espoir. A quand un film de ce genre sur la société française actuelle ???
Une écriture intelligente, où se rencontrent délibéremment des hommes et des femmes de milieu et métier différent. Une image intéressante et une ambiance bien adéquante à chaque personnage. Les acteurs sont irréprochables, et le tout est un ballet agréable et pourtant si glauque dans le fond! La mise en scène est travaillée et le scénario, malgré son manque de récit bien défini, reste intéressant dans chacun de ses petites histoires.
Attention, film choral, avec un scénario ambitieux, dense, lourd, riche en connections et inflexions de destins. Le récit est touffu, le spectateur parfois se perd dans le dédale des différentes histoires, une deuxième vision est probablement salutaire pour qui veut en saisir toutes les ramifications. Largent est au coeur du film, la réalisatrice donne une vision inquiétante de son pays, où les rapports humains sont faussés, où les individualismes brisent les histoires damour, où les réussites des uns entraînent inévitablement les échecs des autres. Il y a peut-être comme un manque de temps, comme une volonté parfois daller vite, de ne pas sattarder : on aimerait un peu plus de contemplation, de rêveries, quelques scènes pour respirer, et qui donneraient de lampleur, du corps à ce film. Lensemble est tout de même passionnant, avec des personnages forts, attachants, qui gardent certains de leurs secrets.
Francesca Comencini (fille de Luigi) a ancré son histoire (ou plutôt ses histoires) à Milan, haut lieu de la banque et de la finance italiennes, pour mieux dépeindre une société gangrenée par l'argent roi. Des collusions entre homme d'affaires, politicien, oligarque et proxénète jusqu'aux problèmes concrets et quotidiens de citoyens lambda, elle évoque les tenants et aboutissants de pratiques financières peu orthodoxes, d'une course folle au profit, déshumanisante et sans morale. La réalisatrice italienne orchestre tout cela sur le mode du chassé-croisé de personnages, très à la mode dans les années 2000 (Iñárritu, Akin, Téchiné, Resnais...). En termes de style comme de considération sociopolitique, elle ne révolutionne pas grand-chose, mais son travail appliqué est assez convaincant et pas désagréable à regarder.
Que peut-on attendre d'un à priori enième film sur la corruption, qui plus est Italien et d'apparence fortement politisé ? Un plagiat de Francesco Rosi ? Le polar de trop ? Non, rien de tout cela car Francesca Comencini a opté pour une chronique-chorale, entièrement axée sur ses personnages et les liens plus ou moins étroits entretenus par ceux-ci. Pari audacieux mais risqué, susceptible au moindre écart de sombrer dans le nombrilisme et l'ennui du spectateur. Deux solutions s'avèrent possibles pour atteindre la réussite : être une véritable virtuose de la mise en scène capable d'atteindre des sommets en marchant sur du fil de fer ou tout simplement (mais c'est aussi ce qu'il y a de plus complexe) creuser son oeuvre. La réalisatrice a opté pour la seconde solution et dès les premiers instants, tisse sa toile par l'intermédiaire d'une finesse et d'une justesse qui ne la quitteront jamais. Tout le long, elle utilise les récits parallèles : ils se font, se défont afin d'exposer ces vies qui se croisent et se perdent, destins dorés mais surtout brisés d'une existence minée par l'argent. Au-delà de la critique d'un système défaillant, "A Casa Nostra" évoque les joies et tourments de ses protagonistes, nous fait pénétrer au plus profond de leurs esprits et ce qu'ils ressentent. Point de lourdeurs, aucune accentuation de quelque scène que ce soit, l'émotion vient et s'installe naturellement. On se passionne sans décrocher une seconde pour ces existences attachantes aux caractères palpables en plus d'être fouillés. La plus grande force de Comencini est de ne rien laisser de côté, et ce à aucun moment afin de maintenir constamment une intensité dramatique devenant plus puissante à chaque nouveau plan. Sobre, sa mise en scène ne manque pas de relief mais elle se concentre sur ce qui fait l'essentiel du film : les personnages, et par conséquent leurs visages et ce qu'ils évoquent. L'une des plus belles (si ce n'est la plus belle) réussite de 2007.
On dit souvent qu'un bon film est avant tout une bonne histoire. Francesca Comencini nous démontre ici le contraire, en refusant un scénario construit. A travers une galerie de personnages aussi divers qu'un mannequin, un maffieux, un russe nouveau riche, une femme flic et bien d'autres, elle laisse flaner sa caméra sur le "melting pot" milanais avec un pessimisme réaliste. C'est un film sur l'échec et la solitude, qui touchent toutes les catégories sociales. Au delà de ce regard désenchanté sur le Milan contemporain, perce une nostalgie et un amour profond de l'Italie. Interessant et très personnel.
Pas de scénario... mais un excellent film. Enfin si, mais un scénario qui semble plutôt être confus alors qu'il est au contraire très limpide quand on voit la fin du film. Deux actrices remarquables... une réalisatrice inspirée...
Après les "Magnolia", "Collision", "Bobby", voici encore un film chorale, italien cette fois ci. L'action de ce film se situe dans l'Italie contemporaine et nous présente différents personnages liés par un fil rouge, l'argent : du politique corrompu au commandant de police le traquant, en passant par le jeune pigeon piégé, la maîtresse abandonnée, la prostituée exploitée, tout tourne autour de ce thème. Cela pourrait donner un film déprimant, et pourtant on assiste à de très belles scènes tendres et humanistes qui atténue cet aspect sombre. Les comédiens sont très bons, faisant passer toute une palette d'émotions, que ce soit Valeria Golino ou Laura Chiatti. Mais la palme de l'émotion dans ce film est pour moi détenue par Giuseppe Battiston, magnifique en Otello solitaire cherchant son âme soeur dans cette prostituée à la dérive. Au final, un très joli film que vous prendrez un grand plaisir à voir, même si le démarrage est un petit peu lent.
Une mise en scène de destins croisés menée avec brio par Francesca Comencini. Après une première demi-heure de film certes un peu âpre, on se prend à ce jeu de tricot dont les fils sont autant de destins captivants. Bien qu'omniprésente, la réflexion sur l'argent roi et la corruption est loin d'être spectaculaire ou démonstrative. Cela confère à "A Cosa Nostra" une légèreté toute italienne, un parfum de "Dolce vita" dans les nauséabonderies de la misère.