Black Christmas est considéré par certains comme le tout premier slasher, ce qui n’est pas totalement vrai. Le film à suspense Psychose a posé les premières bases du slasher en 1960, puis Massacre à la Tronçonneuse a débarqué aux Etats-Unis le 1er octobre 1974, soit quelques jours avant la première sortie en salles de Black Christmas. A moins que Massacre à la Tronçonneuse ne soit pas considéré comme un slasher, Black Christmas n’est pas le premier film du genre, bien qu’il ait clairement influencé Halloween et contribué à poser les bases du genre. Que dire sur le film en lui-même? Si on le compare à Psychose, Massacre à la Tronçonneuse où Halloween, le constat est sans appel: il a moins bien vieilli que les autres précurseurs du genre. La meilleure idée du film, et le seul aspect de la mise en scène qui est à retenir, c’est l’utilisation de la caméra subjective, qui nous met dans la peau du tueur. Mais même cette idée, qui est par ailleurs tout à fait excellente, crée un sentiment de frustration chez le spectateur car elle n’est jamais réellement exploitée. En effet, on voit à travers les yeux du meurtrier lorsqu’il entre dans la maison, qu’il se déplace, qu’il attend ou encore lorsqu’il se met en colère; ce qui crée à chaque fois une tension palpable, mais jamais on ne le voit tuer quelqu’un sous cet angle. Et c’est là que réside le principal défaut de Black Christmas: si les scènes de meurtre sont osées pour son époque, elles sont loin d’être marquantes aujourd’hui et l’interdiction aux moins de 18 ans prête à sourire. La caméra subjective est une idée qui fut reprise dans Halloween, puis dans Vendredi 13, et elle fut bien mieux exploitée dans ces deux films. Le plus décevant reste sans doute la fin, qui est pourtant assez stressante lorsque Jessica est au téléphone puis décide de monter à l’étage, mais dont la tension retombe comme un soufflet dans la scène de la cave, faute de montée en puissance et d’inspiration (la conclusion de cette séquence est vraiment très facile: on est loin de la frénésie du final de Massacre à la Tronçonneuse). On déplorera aussi un manque de rythme plombant. Mais tout n’est pas à jeter dans Black Christmas: il y a quelques bons moments de stress, des idées (ce film est quand même un précurseur), des scènes téléphoniques particulièrement efficaces et surtout une interprétation impeccable (ce qui pour un slasher mérite largement d’être souligné). Le tueur est assez intéressant car beaucoup plus humain que Leatherface, Myers où Jason: c’est un déséquilibré obscène et expansif. L’héroine, Jessica, n’est quant à elle pas comparable au personnage joué par Jamie Lee Curtis dans Halloween: elle n’est pas vierge, elle est par ailleurs enceinte et pour couronner le tout souhaite avorter. Comme quoi, les règles du slasher ne viennent pas toutes de Black Christmas, Halloween ayant été plus marquant et plus populaire, probablement en grande partie grâce au légendaire Michael Myers, meurtrier mécanique et allégorie traumatisante de la mort. Si Black Christmas n’a pas autant marqué, c’est probablement à cause de ses personnages qui sont paradoxalement plus crédibles et humains. Il a tout de même eu droit à son remake…qui fut un échec.