Mind Game, c’est une fusion. Une association entre un studio brillant nommé 4°C – particulièrement connu pour l’excellente adaptation d’Amer Beton, manga qui l’est tout autant – et un réalisateur de l’animation japonaise particulièrement doué : Masaaki Yuasa. Vous ne le savez probablement pas mais il est à l’origine d’un chef-d’œuvre de l’animé. J’ai nommé Kemonozume, pure merveille atypique en treize épisodes. Cependant, les deux œuvres citées n’ont vu le jour qu’en 2006, soit deux ans après Mind Game. C’est donc dans le sens opposé que nous pourrons nous dire que, même séparés, le cinéaste et le studio font des merveilles. De fait, leur travail mis en commun ne pouvait que provoquer de somptueuses étincelles, peu importe en quelle année ce fut. Tout d’abord, il ne faut que quelques secondes pour que la virtuosité de l’animation nous percute de plein fouet. Un savoureux mélange graphique façon manga tantôt alternée par une touche de réalisme très réussie. La technique est audacieuse et, comme Mind Game en lui-même, nous assistons à de l’inédit pur et dur. Une plongée onirique au cœur d’une aventure de yakusas puis… un huis-clos dans une baleine ! Discours philosophique de la part de Masaaki Yuasa, qui nous livre cette œuvre pleine de réflexion, d’humour et d’une bonne touche de rêve. Tels sont les principaux ingrédients de ce film d’animation japonais injustement sorti en direct-to-video dans notre pays – pourtant un grand adorateur de la culture japonais – cinq ans plus tard, qui plus est. Ainsi, l’œuvre de Yuasa se démarque de l’animation japonaise et – plus encore – de l’animation en général. Le réalisateur s’approprie les sempiternels clichés de l’histoire d’amour pour en faire un pur délire politiquement incorrect qui ne manque pas de faire rire par son décalage réjouissant. Nishi est un type banal, comme le dit si bien le synopsis, mais rien de ce qui lui arrive ne pourrait s’attribuer le terme « rationnel ». Chaque nouvel élément de l’intrigue est une surprise et, pour sûr, rares sont les fois où nous ne sommes pas impressionnés par l’omniprésente originalité. Parfois, la mise en scène frôlerait presque le jeu-vidéo, mais ce n’est que pour subtiliser une fois encore les meilleurs éléments de cet univers si typique des japonais. À cela s’ajoute, par conséquent, une nouvelle qualité. Enfin, regarder Mind Game s’avère être une sorte d’engagement auprès duquel nous nous devons d’adhérer pleinement : il faut entrer dans l’image et se fondre dans cet univers quasi-psychédéliques où se côtoient diverses figures de l’absurde. Tout n’est pas toujours clair ou justifié mais étant donné les qualités graphiques du long-métrage – parfaitement mises en valeur par la fluidité de l’animation –, nous aurions tort de nous priver d’un nouvel égarement narratif qui nous conduit encore et encore vers l’inattendu. Etonnamment, les moments de suspense demeurent si bien orchestrés que l’on en vient parfois à serrer les poings par peur de l’échec – ce qui est une qualité rare pour un film d’animation. En conclusion, Mind Game est un brillant film d’animation japonais. Une semaine après la critique des Enfants Loups et l’approbation de Summer Wars, le long-métrage ci-présent nous parvient non sans prévenir au passage que les grandes figures de l’animation ne sont pas seules et que, à côté de tout cela, il existe de nombreuses chances d’être agréablement surpris. Je n’en dis pas plus : Mind Game.