Yor le chasseur du futur n’est pas le film qui se traine la meilleure réputation, pourtant, sans être une bien grande réussite, il est loin d’être dans le tréfonds de la nullité.
Les acteurs sont pour certains vraiment pas bons, surtout dans les seconds rôles (il n’est pas rare de voir les acteurs à l’arrière-plan se les rouler franchement pendant que la caméra est concentré sur le héros). Reb Brown n’est pas un modèle de jeu, et il a l’air souvent un peu encombré de sa carcasse, mais il semble prendre un vrai plaisir à incarner ce Yor, et il faut reconnaitre qu’il colle bien au rôle, du moins physiquement. A ses cotés Corinne Cléry est une actrice moyenne, mais doté d’un personnage à caractère (il y a un running-gag sur les femmes pendant tout le film), et le père, joué par un acteur efficace trouve lui aussi une place honorable dans ce film. En revanche coté « extraterrestre » c’est la dèche, avec des gentils comme des méchants d’une absolue transparence.
D’ailleurs le film aurait très clairement pu se dispenser de sa dernière partie. C’est du n’importe quoi en barre. Vouloir en 30 minutes nous assener l’histoire de Yor et une intrigue à la Star War c’était forcément bâcler le travail, et c’est le cas. Autant la première heure sur Terre est un sympathique divertissement fauché mais riche en rebondissement, souvent drôle et à peu près viable malgré des incohérences (la fille pêche le poisson au bord de la plage avec son harpon !), autant la seconde partie est médiocre. Personnages expédiés, histoire copiée collée sur Star War en mille fois moins bien, déroulement laborieux, incohérences encore plus crasses (le labyrinthe à miroir dans une pièce de 2 mètres par 2 !), c’est de ce point de vue nullissime. La conclusion est de surcroit d’une affligeante lourdeur.
Visuellement la mise en scène est correcte, avec un artisan qui n’est certes pas des plus doués, et qui semble assez éreinté sur ce coup, mais il offre un boulot passable. Il n’exploite pas trop mal les décors naturels qui pour certains sont bien enthousiasmants, il essaye de gratter au maximum quant il peut y avoir du spectaculaire, et il évite un désastre absolu sur les combats avec les monstres (si le premier est en effet foireux, l’affrontement avec le dimétrodon est tout à fait honorable). Les décors naturels sont donc bien, en revanche c’est l’hécatombe coté décors artificiels. Si ca passe encore pour le village barbare, dès que l’on arrive dans l’espace c’est affligeant, avec une pauvreté et une misère qui se voit à tout les étages. Dommage. La photographie vieillissante n’aide d’ailleurs pas à sauver cette partie, mais elle donne un grain sympathique à « l’épopée barbare ». Les effets spéciaux ne sont dans l’ensemble pas convaincants, néanmoins je persiste en évoquant un dimétrodon pas mauvais, et une volonté de débrouille qui parfois mérite d’être saluée. La musique enfin est inégale. Je suis d’accord sur le ridicule du générique de début qui revient par intermittence dans la dernière partie, mais par contre il y a dans le cour du film une bande planante très années 80 qui passe bien, d’autant qu’elle est souvent mise en regard avec les paysages et un coté « contemplatif » plaisant.
En conclusion Yor le chasseur du futur souffre très clairement de son manque de budget, et de sa dernière partie, véritable jambe de bois du film. Malgré tout le résultat n’est pas atroce. Le film peut s’appuyer sur un bon rythme, de l’action, une certaine générosité couplée à une légèreté de ton qui ne le rend pas trop lourdingue. De surcroit le système D a fonctionné à fond visiblement, et malgré des résultats très inégaux, Yor n’est pas scandaleux pour un film de plus de trente ans, comparé notamment à certaines catas de chez Nu Image ou Asylum. Je lui donne 2, mais sans la dernière partie il aurait très bien pu mériter la moyenne.