Wouahouh !! Quel film ! Ce film a tout pour être une réussite. 1°/ Un titre qui en jette. 2°/ Une affiche qui promet un grand film d’aventures. 3°/ Un genre qui promet un sacré spectacle : un péplum. 4°/ Un énorme casting avec Colin Firth ("Le discours d’un roi"), Ben Kingsley ("Gandhi"), Thomas Brodie-Sangster ("Le labyrinthe"), Aishwarya Rai ("Jodhaa Akbar") et John Hannah ("La momie"). 5°/ Un scénario peu vu avec l’Empire romain en grand danger. 6°/ Un joli budget de 67 millions de dollars. Bon, vous l’aurez compris en voyant ma note, "La dernière légion" est un énorme gâchis. Le budget a été englouti principalement dans la reconstitution des décors assez réussis au sein desquels il fallut 3 mois et demi de tournage. S’appuyant sur le roman éponyme de Valerio Massimo Manfredi, le scénario est bel et bien un péplum, un genre auquel on attribue en général beaucoup plus de temps, pour obtenir une durée minimale (j’ai bien dit "minimale") de deux heures. Ici, Doug Lefler y a consacré seulement 1h41 (en comptant les génériques), et le déroulé de l’histoire s’en ressent, avec l’absence de scènes de transition
(sans chevaux pour traverser les montagnes, les fuyards en ont de nouveau par la suite… ils les ont trouvés où, sans argent ? Ah, volés sans doute…)
. J’aurai aimé vivre de plus près le voyage effectué en vue de rejoindre la fameuse légion. Et puis on note aussi des incohérences de taille
: on voit mal comment le jeune garçon échappe à la sanction quand il se fait prendre avec une épée qui n’est pas à lui dans sa main
. A cela on rajoute, malgré des combats plutôt bien chorégraphiés, des grandes scènes de batailles qui ne tiennent pas leurs promesses
, que ce soit lors de la récupération de César en territoire ennemi (d’ailleurs comment leur bateau ne se fait pas repérer à l’approche de l’île fortifiée ?), ou lors de la bataille entre la petite garnison en nette infériorité numérique face à l'ennemi
. Sans compter que les Goths, réputés pour leur barbarie, sont plus ridiculisés qu’autre chose. Franchement, j’attendais quelque chose de plus impressionnant, de plus épique, de plus spectaculaire comme avait su le faire Zack Snyder pour son "300" (2006), ou Wolgang Petersen pour sa version de "Troie" (2004). Après, chacun tient plutôt bien son rôle, et heureusement car c’est ce qui sauve ce film du désastre complet. Je regrette seulement que chaque combattant se lançant brutalement à l’assaut (sans se bousculer, un seul à la fois : après tout, c’est comme à la Sécu, chacun son tour) pousse son cri guttural désespéré de façon systématique : ça finit par fatiguer. Au milieu de ce monde particulièrement viril, l’indienne Aishwarya Rai tire son épingle du jeu en étant agréable à regarder. Quand elle sort du lac, on voit certes un petit clin d’œil vers Ursula Andress dans "James Bond 007 contre Dr No". Mais au moins, elle a le mérite d'amener indirectement une petite touche d’humour savamment distillée quand elle raconte avoir atteint à le niveau 7 à l’âge de 14 ans (il n’y a qu’à voir la réaction d’Aurelius (Colin Firth) ou quand elle se fait prier de passer devant par un légionnaire qui se fait rabrouer ensuite par ses compagnons d’armes. Seulement, je m’interroge sur le fait que Mira parle sans aucune difficulté la même langue que les romains… Malgré les bonnes intentions de chacun, "La dernière légion" n’est pas à la hauteur des espérances des spectateurs, pour les raisons que j’ai citées plus haut, mais aussi en raison d’une bataille finale tronquée, ponctuée par une pirouette qui ne tient pas debout dont le précepteur est au centre du sujet. Et à l’image d’un film qui n’a pas su prendre son temps, on n’a pas vraiment de jolie photographie non plus. Sans être vraiment catastrophique, "La dernière légion" se révèle décevant.