Dans le fond, "Cineman" avait le potentiel pour être un grand film divertissant et rendant hommage à la diversité et la richesse du cinéma. Le démarrage d'ailleurs, est plutôt prometteur, entre
les références au célèbre et révolutionnaire cinéaste et illusionniste Georges Méliès, un générique façon Charlie Chaplin, un bout de film avec l'excellente Catherine Deneuve et un concept légitimement comparé au pitch de base de l’œuvre culte "Alice aux Pays des Merveilles"
. Je pourrais même ajouter la partie western, qui bien que classique sur les éléments utilisés
(les regards, la musique, l'enterrement jusqu'au cou, le saloon)
, se révèle acceptable. Hélas, bien vite, on se rend compte que l'aspect cinématographique du film se réduit progressivement à son personnage principal citant des personnages fictifs
(Shrek, Harry Potter, etc...)
à la pelle et se baladant n'importe comment entre les différents styles du cinéma
(Mille et une Nuits, New York de Scorsese, film d'époque, cape et d'épée, Tarzan, Robin des Bois)
, dans une bouillie sans queue ni tête de montage (entre prises de vue et bouts de films connus), juste destinée à mettre en avant l'humour lourd et affligeant de Frank Dubosc (qui vole la vedette à PEF et Lucy Gordon, incarnant des protagonistes très mal écrits), à base de dialogues idiots et consternants
("la fête du slip", "de la chance que j'ai chié avant", etc...)
et de cabotinage en règle
(Dubosc met de l'anglais partout dans ses phrases et c'est horripilant, tout comme son ton habituel)
. De plus, la narration multipliant les allers-retours entre monde réel et univers du cinéma est très maladroite et redondante (j'aurais préféré que Régis navigue entre les films sans passer à chaque fois par le monde réel), pas aidée en bonus par la caricature qu'est Régis Deloux en prof de mathématiques dur avec les élèves, la pauvreté atroce des rôles secondaires (Anne Marivin est pas gâtée) et des guests qui en font des caisses (Michel Galabru et Pierre Richard à côté de la plaque). Pour finir, vu que Yann Moix a fait enregistrer de nouveaux dialogues après le tournage, on sent des problèmes de synchronisation entre le son et l'image, énième souci d'un film où tout est bricolé à l'arrachée. J'avais lu que Yann Moix avait connu un tournage galère pour "Cinéman"
(et c'est vrai qu'il a enchaîné les couacs façon Terry Gilliam avec "Don Quichotte", sauf que Gilliam avait eu l'intelligence de faire un documentaire sur ses difficultés au lieu de sortir un film impossible)
, ça se voit à peu près tout le temps. Néanmoins, ça n'excuse pas tout, notamment le parti-pris de faire de "Cinéman" un film surtout à la gloire de Dubosc et non du cinéma.