Film mal aimé, Cinéman souffre d’un problème à mon sens majeur pour un long métrage : c’est une succession de courts.
En effet Cinéman essaye bien d’avoir une intrigue de fond, et de lier les différentes séquences du film, mais en réalité ça ne marche pas du tout, et le film conserve quasi-intégralement cette impression de succession de sketch disparate, prétexte à gags et détournements, mais qui ne font sûrement pas une réelle histoire. A fortiori quand on ajoute une narration plus qu’embrouillée, et un manque d’humour assez flagrant. Beaucoup de détournements ne fonctionnent pas ou à moitié, et les moments les plus divertissants ne sont finalement pas ceux des films parodiés ! Le tout se termine de façon peu convaincante
Heureusement Cinéman peut quand même compter en retour sur ses acteurs, de qualité, et notamment sur un trio principal agréable. Dubosc et Laval endossent des personnages qui leur collent vraiment bien, même physiquement, et cela est un gros atout d’autant que les deux acteurs, bien dirigés peuvent être très bon niveau comédie. Lucy Gordon, dont on regrettera la disparition tragique est pleine de charme et ne manque pas de convaincre aussi, avec un rôle doté d’une personnalité punchie. Des seconds rôles plus ou moins bien utilisés apparaissent en arrière-plan, et l’on retrouve là aussi des noms bien connus.
Formellement le film souffre de la mise en scène de Moix. Ce dernier se veut trop nerveux dans sa réalisation, ça vire trop souvent à l’esbroufe, ce n’est pas très clair, et il y a un côté fantasque parfois agréable et dans le ton du film mais à l’indéniable dimension brouillonne. Si l’on appréciera quelques effets de style sympas, on ne peut que regretter quand même des décors limités alors qu’ils devaient être un argument de vente ici, et la photographie ne peut pas tout rattraper. Ni la bande son qui reste cependant de belle facture, avec pas mal de thèmes bien connus à la présence parfois étrange.
En conclusion Cinéman est une comédie avec des promesses, mais dont le résultat reste clairement bancal. Ça finit par ennuyer, alors qu’il y avait vraiment de quoi se faire plaisir avec ce métrage, qui reste cependant loin des nanars et navets dans lesquels on le glisse parfois. 2.