Régis Deloux est professeur de mathématique et découvre un beau jour qu’il a la faculté de pouvoir voyager dans les films…
Après 3 millions de spectateurs et 5 nominations au César pour Podium (2004), Yann Moix s’est lancé dans un hommage au 7ème Art pour son second long-métrage. Si l’idée au premier abord s’avère intéressante (et ressemble étrangement à On a volé Charlie Spencer ! (1986) de Francis Huster), force est de constater qu’à aucun moment, il n’y parviendra et pire, le film ne fera que s’enliser dans une mǝrde incommensurable.
Non seulement on ne comprend strictement rien au film mais en plus de cela, on ne parvient jamais à en rire et ce, malgré l’humour lourdingue qui nous est imposé par le film. Cinéman (2009) est l’exemple même du film "mort-né", tellement il a essuyé les plâtres avant même sa sortie en salles. Des accidents et mésententes sur le plateau (notamment entre les équipes française et belge), des retards conséquents (imputable notamment à cause des problèmes météorologiques), des dépassements de budget et d’après une légende qui entoure le film, il serait aussi question de l’infarctus du chef op’.
On peut s’estimer heureux que le calvaire ne dure que 90min, nous laissant tout le loisir de contempler l’horreur filmique à laquelle s’est livrée le réalisateur. A défaut d’avoir rendu hommage au 7ème Art, il a ch!é sur des grands classiques du cinéma, pêle-mêle on y retrouve Le Voyage à travers l'impossible (1904), Les fiancées en folie (1925), L'Aurore (1927), Les Aventures de Robin des Bois (1938), Sissi (1955), Pour une poignée de dollars (1964), Orange mécanique (1971), Barry Lyndon (1975), Taxi Driver (1976) ou encore Les Duellistes (1977). Côté personnages, c’est un défilé sans queue ni tête, entre Harold Lloyd, Tarzan, Jésus et Zorro.
Le tournage ayant été catastrophique, Yann Moix a tenté de sauver les apparences en s’attelant au montage, sauf qu’il n’y parviendra pas (après y avoir passé plus d’un an sur la table de montage et usé jusqu’à la corde 5 monteurs différents !), il décidera de tout changer, en réécrivant notamment les dialogues et en faisant doubler l’intégralité du film par les comédiens eux-mêmes, ce qui explique pour quelle raison la post-synchro est totalement foireuse (le visionnage du film ne laisse aucun doute là-dessus, les problèmes de post-synchro labiale sautent aux yeux). Le film était tellement incompréhensible qu’il a dû se résoudre à y rajouter à la dernière minute des scènes supplémentaires avec un nouveau protagoniste (en la personne de Pierre Richard), censé nous faire comprendre comment Cinéman parvient à voyager de film en film. Ce qui est hallucinant avec ce film, c’est qu’il ne parviendra jamais à sauver les meubles, quoi qu’il entreprenne, son film ne fera que s’enfoncer toujours plus dans le médiocre.
Les erreurs s’enchainent à un rythme métronomique, c’est incompréhensible et jamais drôle (les sous-titres, les bruitages malvenus, les blagues douteuses, Tarzan à l'envers, le guépard en peluche, …), l’absence de transition et la B.O. qui n'a absolument aucun sens (chant yodel, opérette, ...) ne font qu’enfoncer le clou. Côté distribution, Franck Dubosc est particulièrement horripilant en nous rejouant son habituel lover / séducteur avec ses blagues beaufs surannées (« Ça va être la fête du slip. »), face à un Pierre-François Martin-Laval particulièrement gênant. On en vient même à avoir de la peine pour la pauvre (et regrettée) Lucy Gordon, qui a dû regretter de s’être fourvoyée là-dedans.
Sans la moindre surprise (il en aurait été difficile autrement), le film fut un bide considérable lors de son exploitation en salles, avec seulement 300 000 spectateurs (contre 3,5 millions pour son précédent film), autant dire que c’est un véritable fiasco quand on sait qu’il en fallait 2,5 millions pour qu’il soit rentable…
(critique rédigée en 2009, réactualisée en 2023)
● http://bit.ly/CinephileNostalGeek ● http://twitter.com/B_Renger ●