De titre, on pourrait croire un instant à une reprise d'un muet burlesque des années 20, du style Harold Lloyd. Il n'en est rien puisqu'en réalité, le film en question est une comédie, américaine certes, burlesque re-certes, mais de 2008, et dont finalement l'humour n'est pas si éloigné que les schémas typiques d'il y a 80 ans. Derrière l'humour volontiers efficace, se cache aussi une histoire d'apparence, une facade mi-gaie mi-triste qui parle des petits tracas des mauvais jours. La construction-type du burlesque muet de début du siècle dernier reposait volontairement sur un patriotisme exacerbé, dans lequel le héros mutait comme si la comédie était école de la vie, conquête amoureuse et prise de conscience adulte. Le héros, définitivement seul lors du film, laisse ici place à deux héros, un couple comique d'une redoutable drôlerie et d'une bêtise entièrement assumée. Harold Lloyd, pour ne citer que lui, faisait de son héros un personnage tendre et irrésistible, dont la maladresse laissait refléter une extrême amabilité de coeur. Ici, les deux sont bouseux, incultes, cons, et en fait tout simplement maladroits et pas encore grandis, ce que les épreuves qu'ils traverseront leur fera comprendre (facile d'associer les personnages à ce qu'ils sont en réalité ; des Geeks). Comme si l'idée de dédoubler la gaucherie d'une figure comique prenait aussi sur l'attitude de personnages deux fois plus cons qu'à l'accoutumée. Pour autant, cela veut-il signifier que "Frangins malgré eux" est deux fois plus drôle qu'un grand classique d'Harold Lloyd? Rien n'est moins sûr. Le scénario, basique et franchement peu inventif, accumule les poncifs et les stéréotypes primaires pour laisser fleurir un vrai amour du pays, un travail sur les clichés (comme toute comédie) et sur des personnages-clowns censés inspirer nos zygomatiques. L'inventivité est plutôt à savourer du niveau des gags et du timing accordé à chacun, et dans l'enchaînement qui s'en fait, plutôt que dans le collage bricolé d