Et un navet de plus pour Christophe Lambert, un ! C’est fou de voir un artiste talentueux gâcher sa carrière de la sorte. Car Christophe Lambert est capable du pire comme du meilleur. Pour autant, il n’a pas fait de nombreux supers rôles, mais il y en a tout de même, et je pense notamment à son superbe rôle de composition dans "Greystoke, la légende de Tarzan". Mais en dehors de ça, il a beaucoup de rôles peu enviables, dont celui-là, dans "La proie". En fait il n’est en rien crédible : ni en gars qui se fait prendre pour cible, ni en informaticien. Le pitch paraissait pourtant intéressant, puisque ce thriller/action utilise le concept du "être au mauvais endroit au mauvais moment". Seulement le scénario est écrit avec une telle niaiserie, une niaiserie mise en vitrine par l’intermédiaire des dialogues, que la sauce ne peut pas prendre en dépit d’une entame résolument sensuelle. De plus les scènes de combat bénéficient d’une chorégraphie des plus simples, à tel point que nous les spectateurs lambda aurions pu en faire autant. Autant dire, qu’elles ont été réduites à leur plus simple expression, y compris dans leur durée. Un comble alors que nous sommes censés être en présence des meilleurs pratiquants de sabre, entre les ninjas d’un côté et les samouraïs de l’autre. Le déroulé de l’histoire est tombé dans les facilités scénaristiques afin de rendre le récit facile à suivre alors qu’il y a des restrictions de visionnage visant les moins de 12 ans. Certes il y a de l’action, certes il y a pas mal d’effusions de sang, mais ce n’est jamais aussi trash que ça aurait dû l’être. Le seul fait qui soit un tantinet choquant, c’est le massacre perpétré dans le train. En revanche, je suis surpris d’apprendre que ce train-là est équipé d’un pilotage automatique et soit capable de rallier la prochaine gare d’arrêt sans encombre, fusse-t-elle éloignée de plusieurs dizaines de kilomètres. Je ne connais pas le matériel ferroviaire nippon, mais ça me parait un peu fort de café, ça par contre !! De plus, le dépaysement n’est pas franchement au rendez-vous, avec des décors jamais mis en valeur, et une image si pâlichonne qu’elle en est fade. La fadeur, voilà ce qui caractérise ce long métrage à tous les niveaux. Reste encore l’interprétation des japonais : bien meilleure que celle de Christophe Lambert, ce qui dans le cas présent n’est pas difficile. Bien que souvent cantonné à des rôles de crevures, John Lone ne casse pas des briques en Kinjo, pas vraiment inquiétant alors c’est lui le gros vilain canard. Yoshio Harada dégage une certaine maîtrise spirituelle et guerrière, seulement l’aura de ce personnage n’est pas suffisamment exploitée. Selon moi, c’est Tak Kubota qui s’en sort le mieux dans la peau de Oshima, ce ferronnier qui fabrique les sabres que les plus grands combattants lui commandent. Accessoirement alcoolique, c’est bel et bien ce personnage qui parvient à amener un peu de fun dans cette réalisation bien tristounette à suivre. Mais c’est malheureusement trop peu pour éradiquer l’ennui qui s’installe indubitablement au cours des 110 minutes, lesquelles s’écoulent avec une lenteur idéale pour sombrer doucement mais sûrement dans les bras de Morphée. A condition que ce dernier ne soit pas équipé de sabre…